Pour le journaliste économique Beat Kappeler, la Suisse va plutôt bien sur le plan économique en comparaison internationale: l'inflation est modérée, les prix de l'énergie sont jusqu'à présent "digérés" et l'approvisionnement électrique pour l'instant assuré.
"La situation n'est pas dramatique", affirme-t-il, mardi dans La Matinale, ajoutant que "les finances publiques de la Confédération et des niveaux inférieurs sont intactes".
Il n'est cependant pas exclu qu'en cas de crise économique en Europe la Suisse soit également touchée dans un premier temps à travers ses exportations, qui devront s'adapter à un franc plus fort. Mais cette augmentation du franc suisse "minimise le risque d'inflation importée", assure l'économiste. Cela signifie que les importations deviendront moins chères en francs, ce qui permettra d'éviter une situation de hausse de certains prix.
Des politiques "démagogiques"
Pour Beat Kappeler, l'Etat ne devrait accorder aucune aide aux ménages afin de contrer l'inflation. Le journaliste s'est dit "consterné" par les sommes "faramineuses" dépensées par certains pays pour tenter de compenser la hausse des prix.
"Ces politiciens ruinent leur pays et accumulent de manière éhontée des charges futures sur les mêmes ménages qu'ils entendent favoriser. C'est de la pure démagogie", martèle-t-il.
L'économiste considère que les politiques sociales en place doivent suffire pour soutenir les ménages.
Absence de mécanismes efficients
En Suisse, 1% de la population possède 40% des richesses du pays. Beat Kappeler estime que la fortune s'amasse dans les mains d'une minorité en raison notamment de la politique "néfaste" des banques centrales, "qui depuis 15 ans ont augmenté les valeurs financières et grugé les ménages, qui n'ont plus perçu de taux d'intérêts".
"Les autres 99% ont aussi le droit à la fortune. Et il n'y a pratiquement personne qui développe des mécanismes sérieux pour inverser cette tendance", affirme le journaliste économique.
Afin de mieux répartir les richesses au sein de la population, il propose notamment de diminuer la financiarisation, fondée sur le recours à l'emprunt public, qui exacerbe la concentration des fortunes sans rien créer en retour. Selon Beat Kappeler, cela favoriserait une situation où tout le monde est "maître du jeu" et capable d'augmenter sa fortune personnelle.
Propos recueillis par David Berger/iar