Gaznat signe un contrat de plus de 300 millions de francs par an pour du gaz norvégien
Le principal fournisseur de l'Union européenne, le groupe russe Gazprom, a arrêté les livraisons sur fond de guerre en Ukraine. A l'approche de l'hiver, la crainte d'une pénurie est réelle. Les sociétés gazières cherchent donc de nouveaux partenaires, notamment en Norvège qui est l'un des plus gros producteurs européens.
L'exploitant du réseau régional de transport de gaz naturel Gaznat a ainsi conclu un contrat de cinq ans, d'une valeur de "300 à 600 millions de francs" par an, avec un partenaire norvégien, articule son directeur général René Bautz, mercredi soir dans l'émission de la RTS Forum. Il indique avoir "dû faire jouer ses relations" pour parvenir à ce partenariat, tant la Norvège est devenue un partenaire courtisé.
Le gaz naturel sera extrait en mer du Nord et en mer de Norvège, puis acheminé sur le continent européen par des gazoducs sous-marins via l'Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique. Il arrivera ensuite en Suisse par l'Allemagne ou la France.
Les "félicitations" de Guy Parmelin
René Bautz explique que Gaznat cherchait "depuis un moment à diversifier" son approvisionnement en gaz. "D'autant plus que nous avons un contrat allemand qui est arrivé à son terme le 1er octobre", souligne-t-il.
Le contrat norvégien permettra à Gaznat de "sécuriser son approvisionnement et de limiter certaines hausses de prix". Le directeur général de Gaznat confie même avoir reçu les "félicitations" du conseiller fédéral en charge de l'Economie Guy Parmelin pour ce contrat.
Propos recueillis par Renaud Malik/vajo
Un approvisionnement pas garanti pour autant
Le contrat de cinq ans signé entre le groupe vaudois Gaznat et la Norvège jeudi, s'il est une bonne nouvelle, ne semble pas pour autant garantir l'approvisionnement en gaz cet hiver.
En plus du contrat allemand qui s'est achevé le 1er octobre, un autre contrat de Gaznat avec les Pays-Bas arrive à son terme en octobre 2023. Là encore, le volume manquant sera remplacé par le fournisseur norvégien.
Le problème, c'est que les contrats à long terme couvrent environ la moitié des besoins en gaz en Suisse. Pour l'autre moitié, il existe d'une part le stockage en France, qui représente 15% de notre consommation annuelle de gaz. Quand on parle des stocks qui sont pleins, c'est de ces 15% dont il est question.
Pour le reste, les traders achètent au jour le jour le complément de gaz nécessaire pour passer l'hiver, selon les besoins. Ce gaz qui peut provenir des Etats-Unis, du Qatar, par bateau, sous la forme de gaz liquéfié.
Mais si tout à coup il fait très froid en Asie par exemple, les prix de ce gaz vont être plus chers du côté asiatique. Ce sera donc plus intéressant pour ces fournisseurs de le vendre là-bas, ce qui aura pour corollaire une pénurie de gaz en Europe.
Sans parler des risques d'un autre sabotage sur d'autres pipelines, un danger supplémentaire pour l'approvisionnement des pays européens, dont la Suisse, cet hiver.