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La situation économique de Credit Suisse n'est pas "critique", selon Dusan Isakov

L'invité de La Matinale - Dušan Isakov, professeur ordinaire de finance et de gouvernance d'entreprise
L'invité de La Matinale - Dušan Isakov, professeur ordinaire de finance et de gouvernance d'entreprise / La Matinale / 11 min. / le 7 octobre 2022
Les déboires de Credit Suisse, dont la valeur en Bourse a été divisée par trois en un an et demi, ravivent les craintes pour l'avenir de la banque. Mais pour le professeur de finance Dusan Isakov, "on est dans un environnement très sécurisé du point de vue bancaire" et l'établissement n'est pas dans une situation critique.

L'action de Credit Suisse n'en finit pas de chuter. En début de semaine, elle a brièvement atteint un nouveau plus bas historique, à 3,518 francs. Malgré les efforts  des responsables de l'établissement bancaire pour rassurer les clients et la communauté financière, les investisseurs sont inquiets. Certains observateurs vont même jusqu'à imaginer une faillite. Des rumeurs d'"effondrement imminent" circulent, ruinant d'autant plus le cours de Bourse de Credit Suisse.

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Au micro de la Matinale de la RTS, Dusan Isakov, professeur de finance d’entreprises et de gouvernance au département des sciences du management à l’Université de Fribourg, est revenu vendredi sur la situation préoccupante de la grande banque suisse.

Spirale négative

D'abord, les frasques de la banque depuis quelques années ternissent sa réputation. Les affaires Archegos et Greensill, par exemple, témoignent, selon le professeur Isakov, d'un problème de gestion non maîtrisée des risques, conduisant à de lourdes pertes financières. "Ils n'ont pas été assez attentifs, ils n'ont pas mis les vrais garde-fous, ils n'ont pas redimensionné leur banque d'investissements, alors que c'est ce qu'il fallait faire, et finalement, ça s'est accumulé, cette mauvaise gestion des risques à l'interne", développe-t-il.

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Autre problématique, la gouvernance de Credit Suisse. La banque joue aux chaises musicales depuis plusieurs années. Les cadres dirigeants ont aussi trop de casseroles. Dernière maladresse en date, le nouveau directeur général Ulrich Körner, voulant rassurer les investisseurs le week-end dernier, a malencontreusement parlé d'une situation "critique" pour la banque. Pour Dusan Isakov, cette communication non officielle et surtout non maîtrisée est très surprenante et révèle une certaine "précipitation", une "inexpérience" qui ne laisse pas bonne impression.

Il dénote aussi la "mauvaise ambiance médiatique". "Une action Credit Suisse, c'est le prix d'un café", penseraient trop facilement certains commentateurs. Finalement, "un tweet déstabilise tout l'édifice", regrette le professeur.

En outre, le nouveau patron Ulrich Körner doit présenter le 27 octobre son plan stratégique. Une attente qui fait gonfler les rumeurs, Credit Suisse faisant partie des trente grandes banques mondiales considérées comme trop grosses pour les laisser faire faillite.

Enfin, les marchés dévissent, même pour des entreprises qui vont très bien. "Les marché financiers n'aiment pas trop l'incertitude", explique le professeur en évoquant le contexte de la guerre en Ukraine et de la crise énergétique. Ainsi, "les marchés financiers vont mal", donc la Bourse chute et le prix de l'action Credit Suisse, presque mécaniquement, baisse.

Les fonds sont solides

Or, la Bourse ne dit pas toute la vérité: les fonds de la banque sont en réalité solides. Et si l'ambiance médiatique est mauvaise, la situation économique n'est pas "critique", défend Dusan Isakov. Le spectre sans cesse agité de la faillite de 2008-2009 de Lehman Brothers n'est pas en phase avec le contexte actuel, un contexte "qui a fondamentalement changé".

"La crise financière est passé par là, les autorités ont réglementé, elles exigent beaucoup plus de capitaux de réserves des banques. (...) On est dans un environnement très sécurisé du point de vue bancaire. (...) On sait ce que font les banques, dans quels produits elles investissent, leurs lignes d'activités sont classiques et standards", rassure Dusan Isakov.

Enfin, à la question de savoir s'il faut retirer l'argent de son compte épargne par mesure de prévention, "en principe, vous ne risquez rien", répond le professeur.

Propos recueillis par Valérie Hauert et Frédéric Mamaïs

Adaptation web: Julien Furrer

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