Cette coalition, nommée "Longue vie à nos objets" et composée de 14 organisations, s'est donnée pour objectif la lutte contre la pollution et le gaspillage en favorisant la longévité des objets.
L'an dernier, 97% des répondants à un sondage de l'Alliance des organisations des consommateurs indiquaient avoir dû jeter au moins une fois un objet encore en bon état, simplement parce que le coût de la réparation était trop élevé ou que les pièces détachées n'étaient pas disponibles.
Une véritable aberration à l'heure où les ressources devraient être préservées, estiment les organisations membres de la coalition.
Selon Joëlle Hérin, experte en consommation et économie circulaire pour Greenpeace, la responsabilité est partagée: "Il y a d'une part les industriels qui fabriquent des objets qui sont non-réparables ou dont les pièces de rechange coûtent trop cher. D'autre part, il manque les conditions-cadre pour faciliter la réparation et la longévité des produits", affirme-t-elle au 19h30 de la RTS.
Des pièces non-démontables
Le réparateur Alvar Sanchez en sait quelque chose. Employé du Petit Atelier à Genève, il craint de ne bientôt plus pouvoir réparer les objets: "Il y a beaucoup plus d'électronique, même dans un toaster qui n'en a pas besoin. Les pièces ne sont pas démontables, avec des vis à sens unique. On est obligé de casser une partie de l'objet pour pouvoir le réparer", déplore-t-il.
Lorsque l'objet est réparable, c'est souvent le coût de la réparation ou la complexité de la démarche, comparés à l'achat de neuf, qui sont rédhibitoires. Ou alors c'est l'incompatibilité technologique ou l'absence de mise à jour des logiciels qui rendent les appareils inutilisables.
Selon une enquête de la Fédération romande des consommateurs (FRC), membre de la coalition, la plupart des appareils sous garantie ramenés au magasin en raison d'une panne a priori réparable ne sont généralement pas examinés et simplement jetés.
La Suisse mal notée
En conséquence, les Suisses accumulent beaucoup de déchets. Entre 1990 et 2019, la quantité de déchets urbains a augmenté de 100 kg par personne, pour atteindre 703 kg par habitant et par an, notamment en raison de la bonne conjoncture pendant cette période.
En matière de déchets électroniques, la Suisse est même très mal notée, se situant au troisième rang mondial, avec 23 kg par habitant en 2020.
Conditions-cadres favorables au recyclage
Réunie à Berne ce lundi, la coalition appelle donc la Confédération à soutenir l'économie circulaire et en faire la promotion auprès des entreprises et des consommateurs.
Les conditions-cadres actuelles encouragent largement plus une économie du recyclage et de la valorisation de la matière qu'une économie du réemploi et de la réutilisation. D'où l'enjeu du projet de révision de la Loi sur la protection de l'environnement, rédigé en réponse à l'initiative parlementaire "développer l'économie circulaire en Suisse".
Les membres de la coalition entendent soutenir ce projet, le plus prometteur à leurs yeux car le seul qui "propose enfin des changements législatifs permettant de lutter contre le vieillissement prématuré des objets".
Feriel Mestiri/ats