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Le Royaume-Uni revient sur la quasi-totalité de ses réformes fiscales

Le nouveau ministre britannique de l’Economie Jeremy Hunt revient sur le programme de Liz Truss.
Le nouveau ministre britannique de l’Economie Jeremy Hunt revient sur le programme de Liz Truss. / Forum / 2 min. / le 17 octobre 2022
Le nouveau ministre britannique des Finances Jeremy Hunt a annoncé lundi annuler "presque toutes" les baisses d'impôts dévoilées le mois dernier, ce qui constitue un désaveu humiliant pour la Première ministre Liz Truss.

Jeremy Hunt, nommé vendredi dans l'urgence après que le "plan de croissance" de son prédécesseur Kwasi Kwarteng a plongé les marchés britanniques dans la tourmente, a martelé lundi lors d'une déclaration télévisée que la priorité du gouvernement était désormais de restaurer "la stabilité". Quitte à limiter dans la durée les aides aux ménages face à la dramatique envolée des prix de l'énergie.

Le nouveau Chancelier de l'Echiquier a avancé la présentation de grandes lignes du projet budgétaire de moyen terme britannique qui doit être présenté dans sa totalité le 31 octobre, tentant de calmer les marchés.

Une aide pour les ménages réduite

"Aucun gouvernement ne peut contrôler les marchés. Tous les gouvernements peuvent donner des gages de soutenabilité des finances publiques", a souligné Jeremy Hunt. "D'autres décisions difficiles" sont à venir pour les dépenses gouvernementales comme les impôts, a-t-il prévenu.

Les investisseurs ont réagi positivement aux déclarations de Jeremy Hunt: la devise britannique progressait de 1% à 1,1285 dollar vers 10h45 et le rendement des obligations à 30 ans chutait à 4,40%.

Parmi les annonces de lundi, "la plus grosse dépense", le plafond des factures énergétiques pour tous les ménages, "mesure phare pour aider des millions de personnes à traverser un hiver difficile", sera finalement en vigueur jusqu'en avril seulement et non plus pour deux ans.

Au-delà, le Trésor va réfléchir à une nouvelle approche qui "coûtera nettement moins cher au contribuable tout en assurant de l'aide pour les plus nécessiteux".

32 milliards de livres par an

Dans la longue liste de baisses d'impôts qui partent à la poubelle, Jeremy Hunt a énuméré le projet de centres d'achats sans taxes (duty-free) pour les non résidents, l'abaissement du taux d'imposition pour les dividendes, celui du taux d'impôt sur le revenu pour la première première tranche de revenus à 19% à partir d'avril 2023.

Sont toutefois maintenues la baisse de la taxe sur les transactions immobilières et l'annulation d'un prélèvement destiné au financement des services de santé.

Deux revirements notables avaient déjà été annoncés: une baisse du taux d'imposition pour les revenus des plus aisés a été annulée et une hausse de l'impôt sur les sociétés qui avait été prévue sous Boris Johnson aura finalement lieu. L'ensemble de ces mesures fiscales "permettront de lever environ 32 milliards de livres par an", a précisé le Trésor.

afp/aps

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Liz Truss n'entend pas démissionner malgré des demandes de plusieurs députés

La première ministre britannique Liz Truss s'est dit lundi soir dans une interview à la BBC déterminée à rester au pouvoir, quelques heures après l'abandon de son programme économique annoncé par son nouveau ministre des finances. Elle a répété qu'elle était "désolée" pour ses "erreurs" et a reconnu avoir voulu aller "trop loin, trop vite".

"Je resterai à mon poste pour tenir mes engagements pour l'intérêt national", a-t-elle assuré. Elle a estimé qu'elle serait encore à la tête du parti pour les prochaines élections prévues dans deux ans, où l'opposition est archi-favorite.

Les sondages sont catastrophiques pour Liz Truss, soumise à une forte pression. Plusieurs députés ont publiquement déclaré que la quatrième Première ministre du Royaume-Uni depuis le référendum du Brexit en 2016 devait partir. Avec au compteur seulement 40 jours au pouvoir, elle pourrait devenir le Premier ministre ayant eu le plus court mandat jamais connu outre-Manche en cas de démission.

>> Ecouter le sujet de La Matinale de la RTS mardi :

La Première ministre britannique Liz Truss n'envisage pas de démissionner. [Keystone/AP - Daniel Leal]Keystone/AP - Daniel Leal
Liz Truss s'excuse pour ses "erreurs" mais n'entend pas démissionner / La Matinale / 1 min. / le 18 octobre 2022

Une inflation proche des 10%

Les marchés sont plongés dans la tourmente depuis la présentation fin septembre de projets de baisses d'impôts massives et d'un soutien colossal aux factures énergétiques par Kwasi Kwarteng.

Non pleinement chiffrés et devant être financés par emprunt, ils avaient fait craindre une sortie de route des finances publiques. La livre avait chuté à un record historique de faiblesse et les taux d'emprunt à long terme de l'Etat avaient flambé.

Les fonds de pension, qui détiennent une large part de ces titres, s'étaient retrouvés fragilisés. Par ricochet les taux d'emprunt pour les ménages et les entreprises s'étaient également envolés, menaçant la santé économique compromise du pays, qui flirte avec la récession.

La Banque d'Angleterre avait dû intervenir pour empêcher la situation de se détériorer en crise financière. Le Fonds monétaire international (FMI) avait enjoint Downing Street de rectifier le tir et de travailler de concert avec la banque centrale, qui lutte contre une inflation à près de 10% et se retrouvait à contre-courant du plan économique de Liz Truss, inflationniste sur la durée.

>> Ecouter à ce sujet :

Liz Truss. [Keystone]Keystone
Les mesures de Liz Truss plongent le Royaume-Uni dans une crise économique: interview de Pauline Schnapper / Tout un monde / 10 min. / le 30 septembre 2022