Nicola Thibaudeau: "Notre facture d'électricité va passer de 300'000 francs à 5 millions"
L'entreprise MPS est active dans la mécanique de haute précision spécialisée dans les roulements à billes, pour l'horlogerie, le médical, l'orthopédie et l'aérospatial. Elle livre également des pièces pour les chaînes de montage des IPhone, pour les télescopes géants du Chili, ou fabrique la fraise pour les opérations de la hanche.
Son produit phare est la pompe à morphine vendue à plus de 500'000 exemplaires. Depuis peu, MPS réalise la partie la plus technique du nouveau coeur artificiel de l'entreprise française Carmat, le groupe moto-pompe.
Un programme pour consommer moins
Mais MPS subit de plein fouet le renchérissement des prix de l'électricité. "La facture d'électricité se monte pour l'instant à environ 300'000 francs par année puisque nous payons 6 centimes le kilowattheure (kWh) jusqu'à la fin de l'année", a expliqué Nicola Thibaudeau, directrice de l'entreprise. "Nous consommons 5,5 millions de kWH par année. Mais l'année prochaine, nous allons payer 87 centimes le kWh. Cela va représenter près de 5 millions de francs", a relevé celle qui a la double nationalité suisse et canadienne.
"C'est une situation incroyable car nous avons un carnet de commandes plein, ce qui nous oblige à travailler le week-end et à recruter, mais en même temps nous devons travailler avec ce mur qui vient devant nous", décrit-t-elle. "Nous allons tout faire pour consommer moins l'année prochaine. Nous avons tout un programme de mesures de réduction".
Pour Nicola Thibaudeau, cette crise est plus grave que celle du Covid: durant la pandémie, "c'était la même chose pour tout le monde et en même temps, mais maintenant il y a une distorsion. Notre contrat d'électricité se termine à la fin de cette année, mais s'il venait à échéance fin 2023, toute l'année prochaine j'aurais 5 millions de plus en poche pour investir".
Les conséquences de l'abandon de l'accord-cadre
L'abandon de l'accord-cadre avec l'UE a également eu des conséquences pour une partie des activités de MPS. "Le plus grand impact a été la perte de notre certificat européen dans le domaine de l'orthopédie. A présent nous fournissons à des sociétés qui ont la certification", a expliqué Nicola Thibaudeau.
"Refaire des certifications, cela a un prix et prend du temps. Les organismes de certification sont en effet surchargés en raison de changements dans la régulation. Cela nous a imposé un gel pendant quelques mois", a-t-elle détaillé.
Un management collégial
Depuis son arrivée à MPS en 2003, Nicola Thibaudeau a transformé l'entreprise en un fleuron industriel. Le nombre d'employés est passé de 120 à 460, le chiffre d'affaires de 18 à 80 millions. L'entreprise se déploie sur trois sites: Bienne, Bonfol (JU) et Court (BE), avec une antenne à Boston aux Etats-Unis.
Quelle est la clé de son succès? "Je ne pense pas qu'il y ait une recette. Ce que nous avons fait, c'est construire ensemble avec nos équipes et avoir une stratégie claire. Faire tout toute seule est impossible. Un management collégial pousse toute l'équipe vers un objectif. Toutes les décisions ne reposent pas sur mes épaules, mais s'il faut trancher, je le fais", a-t-elle relevé.
"Avec des clients à la pointe de la technologie, l'environnement de travail est motivant", a encore expliqué Nicola Thibaudeau. "Mais nous sommes toujours à la recherche de polymécaniciens, de décolleteurs ou de fraiseurs", a-t-elle conclu.
Propos recueillis par Patrick Fischer
Adaptation web: France-Anne Landry