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Elon Musk se paie Twitter et licencie plusieurs de ses dirigeants

Elon Musk, patron de Tesla, a pris le contrôle de Twitter [Keystone]
Elon Musk se paie Twitter et licencie plusieurs de ses dirigeants / La Matinale / 2 min. / le 28 octobre 2022
Elon Musk a pris le contrôle de Twitter jeudi après avoir conclu l'acquisition du réseau social pour 44 milliards de dollars, ouvrant un nouveau chapitre incertain pour la plateforme au coeur de la vie politique et médiatique des Etats-Unis et de nombreux pays.

Après des mois d'une saga à rebondissements, Elon Musk met enfin la main sur Twitter. Il s'en est d'ailleurs félicité sur le réseau social, déclarant "L'oiseau est libre".

Comme première mesure, le riche homme d'affaires a licencié le patron du groupe Parag Agrawal et deux autres dirigeants, le directeur financier Ned Segal et la responsable des affaires juridiques Vijaya Gadde, selon des sources anonymes du Washington Post. Twitter n'a pas répondu à une sollicitation de l'AFP dans l'immédiat.

Le tweet d'Elon Musk n'est pas resté sans réponse. Peu après, le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton a répondu sur le même réseau pour lui demander de respecter la réglementation sur les grandes plateformes qui vient d'être adoptée: "En Europe, l'oiseau volera selon nos règles européennes."

Des signes annonciateurs

Elon Musk avait jusqu'à vendredi pour conclure l'acquisition du réseau social, faute de quoi un procès aurait eu lieu en novembre. L'opération traîne en effet depuis l'annonce fin avril d'une offre d'acquisition à 44 milliards de dollars, acceptée à contrecoeur par Twitter.

L'entrepreneur a cherché à s'en extraire unilatéralement début juillet, accusant l'entreprise de lui avoir menti, mais le conseil d'administration de la société a saisi la justice. Au début du mois, à quelques jours de l'ouverture d'un procès que Twitter semblait bien parti pour gagner, Elon Musk a finalement proposé de conclure la transaction au prix initialement convenu.

Les signes que l'opération allait avoir lieu dans les temps impartis par la justice s'étaient multipliés cette semaine. L'homme le plus riche au monde s'est notamment rendu au siège de Twitter à San Francisco mercredi et s'est rebaptisé "Chief Twit" sur son profil - "twit" voulant dire "crétin" en anglais. Et le New York Stock Exchange, où Twitter est coté, a indiqué que l'action de l'entreprise serait suspendue vendredi avant l'ouverture de la séance.

"L'avenir de la civilisation"

Jeudi, Elon Musk a tenté de rassurer les annonceurs en affirmant qu'il voulait permettre à toutes les opinions de s'exprimer sur le réseau social, sans pour autant en faire une plateforme "infernale" où tout serait permis.

Il est "important pour l'avenir de la civilisation d'avoir une place publique en ligne où une grande variété d'opinions peuvent débattre de façon saine, sans recourir à la violence", a-t-il écrit dans un message spécifiquement adressé aux marques, qui rapportent l'essentiel des revenus de Twitter.

Défenseur de la liberté d'expression

Se présentant comme un ardent défenseur de la liberté d'expression, l'entrepreneur a déjà indiqué qu'il entendait assouplir la modération des contenus, ravivant les inquiétudes sur un possible regain d'abus et de désinformation sur la plateforme. Il a, par exemple, ouvert la porte à un retour de Donald Trump, évincé de Twitter peu après l'assaut du Capitole en janvier 2021.

De quoi rebuter les annonceurs, qui préfèrent généralement adosser leurs pubs à des contenus consensuels. Dans son message, Elon Musk assure qu'il n'a pas engagé le rachat parce que c'était "facile" ou "pour se faire de l'argent", mais pour "essayer d'aider l'humanité".

Les utilisateurs doivent pouvoir choisir ce qu'ils voient sur le réseau "selon leurs préférences, de la même façon que vous pouvez par exemple voir des films ou jouer à des jeux vidéo pour tous les âges", a-t-il précisé.

"Départs volontaires"

Elon Musk veut par ailleurs renforcer la lutte contre les spams. Il a aussi fait des allusions cryptiques à "X", sa vision d'une application à tout faire (messagerie, réseau social, services financiers...), comme WeChat en Chine. "La culture d'entreprise risque de changer en profondeur, et rapidement", souligne Adam Badawi, professeur de droit de l'université de Berkeley.

Selon un article du Washington Post la semaine dernière, l'homme d'affaires a indiqué à des investisseurs qu'il comptait, à terme, licencier quasiment 75% des 7500 employés de Twitter. "Cela a foutu un coup à pas mal de gens", note un employé sous couvert d'anonymat.

>> Plus d'informations : Elon Musk veut licencier les trois quarts des salariés de Twitter

Il a calculé, d'après les chiffres en interne, que plus de 700 salariés avaient déjà quitté le groupe californien depuis juin. "Ce sont plutôt des départs volontaires, soit pour des raisons éthiques, soit pour des raisons bassement financières, parce qu'une entreprise non cotée, c'est moins intéressant", estime-t-il.

Le dirigeant a en effet prévu de sortir Twitter de la Bourse. Au début du mois il avait pourtant déclaré lors d'une conférence qu'il était "essentiel" que Tesla soit coté à Wall Street, "parce que si le public n'aime pas ce que fait Tesla, le public peut acheter des actions et voter différemment". "C'est très important que je ne puisse pas juste faire ce que je veux", avait-il ajouté, hilare.

>> Le portrait d'Elon Musk avec le Point J :

Qui est vraiment Elon Musk? [Invision/AP - Evan Agostini]Invision/AP - Evan Agostini
Qui est vraiment Elon Musk ? / Le Point J / 13 min. / le 5 mai 2022

>> Ecouter aussi Forum se pencher vendredi soir sur les possibilités de réglementer l'activité de Twitter en Europe :

Elon Musk rachète Twitter: quelle régulation est encore possible? Interview de Anuchika Stanislaus
Elon Musk rachète Twitter: quelle régulation est encore possible? Interview de Anuchika Stanislaus / Forum / 5 min. / le 28 octobre 2022

afp/hkr

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Donald Trump réjoui

L'ancien président américain Donald Trump s'est réjoui vendredi que Twitter soit "entre de bonnes mains" après le rachat du réseau social par Elon Musk.

"Twitter (...) ne sera plus dirigé par les fous de la gauche radicale qui détestent véritablement notre pays", a-t-il déclaré sur son propre réseau, Truth Social. Le milliardaire républicain n'a toutefois pas dit s'il prévoyait de retourner sur la plateforme, dont il a été banni après l'assaut du Capitole.

>> Lire aussi : La plainte de Donald Trump contre Twitter jugée non recevable

Conseil de modération de contenu

Elon Musk a annoncé vendredi qu'il comptait doter Twitter d'un "conseil de modération des contenus avec des points de vue très divers".

"Aucune décision majeure sur les contenus ou réactivation de compte n'aura lieu sans l'intervention du conseil", a précisé dans son tweet le multimilliardaire.