Elon Musk veut du changement chez Twitter… et vite

Depuis son arrivée à la tête du réseau social Twitter, le milliardaire Elon Musk fait feu de tout bois. En l'espace d'un long week-end d'Halloween, il a viré le conseil d'administration pour être seul maître à bord, proposé de relancer Vine (les vidéos courtes disparues en 2017), préparé un plan de licenciements et planifié des abonnements mensuels à 20 dollars.

L'homme va vite. Très vite. Trop vite? Premier changement majeur en préparation pour les utilisateurs de Twitter, un nouveau modèle économique. A présent, le réseau vit principalement de la publicité, pour un milliard de dollars au dernier trimestre. C'est près de trente fois moins que Facebook.

Et l'avenir s'assombrit. Les grandes marques pourraient quitter Twitter. Car la promesse d'Elon Musk fait peur: garantir la liberté d'expression absolue. Dans les prochains mois, l'essentiel de son travail va porter sur la diffusion des thèses complotistes et la modération des discours haineux.

Une communauté de payeurs

C'est là qu'intervient le nouveau modèle économique. Twitter va désormais miser sur les abonnements mensuels. C'est directement l'utilisateur qui soutient la politique de l'entreprise, pas la quantité de trafic qui définit le prix de la publicité. La liberté d'action devient plus grande pour le propriétaire.

Mais surtout, c'est la dynamique qui change. L'algorithme d'un réseau social est fait pour vendre de la publicité. "Quand c'est gratuit, c'est vous le produit", dit l'adage du web 2.0. Les contenus polémiques, clivants, qui suscitent de l'engagement sont poussés par la machine. A voir s'il y aura du changement.

Déjà disponibles aux Etats-Unis, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande, ces abonnements "Twitter blue" peinent pourtant à convaincre le grand public. Pour 5 dollars par mois, vous pouvez notamment modifier vos tweets, les annuler ou ne plus voir de publicité.

Alors quand le site The Verge annonce le plan d'Elon Musk pour des abonnements à 20 dollars par mois, permettant également d'obtenir une certification du compte (aujourd'hui gratuite), la levée de boucliers ne se fait pas attendre.

Trop cher!

L'écrivain Stephen King n'en veut pas. "Ils devraient me payer!", écrit-il dans son tweet. Et c'est directement le patron qui lui répond. "Nous devons payer nos factures. Twitter ne peut pas entièrement s'appuyer sur les publicités", explique Elon Musk. Il affirme également qu'il expliquera prochainement ce changement de cap, qui devrait permettre, selon lui, de lutter contre les trolls et les comptes automatiques.

Tout devrait aller très vite, selon The Verge. Les employés qui travaillent sur le projet ont jusqu'au 7 novembre pour tout mettre en place, sinon ils seront licenciés.

Cette information corrobore un article du New York Times qui affirme qu'Elon Musk a présenté aux investisseurs un plan prévoyant 69 millions d'abonnés payants à Twitter d'ici 2025.

Un abonnement à 8 dollars

Elon Musk a finalement annoncé mardi dans un tweet le lancement prochain d'un abonnement à 8 dollars par mois pour les utilisateurs souhaitant faire certifier leur compte comme authentique et être moins exposés à la publicité.

Tweet Musk

Le réseau social propose depuis l'année dernière un abonnement à des fonctionnalités payantes, mais le directeur général veut une nouvelle offre, plus chère et adoptée plus largement, qui diversifiera les sources de revenus de la plateforme.

"Le système actuel des seigneurs et des paysans, avec ceux qui ont la coche bleue et ceux qui ne l'ont pas, c'est des conneries. Pouvoir au peuple! Blue pour 8 dollars par mois", a déclaré le patron de Tesla et SpaceX, qui a racheté Twitter jeudi.

Licenciements en vue

En attendant, Elon Musk veut faire le ménage au sein de l'entreprise qui compte 7500 employés.

Le nouveau patron a déjà renvoyé le directeur de Twitter ainsi que plusieurs autres cadres. Ce n'est qu'un début. Tous les informaticiens doivent présenter les lignes de codes qu'ils ont écrites lors des derniers mois.

Le Washington Post annonce un plan de licenciements qui toucherait rapidement 25% de la main d'œuvre. Le New York Times parle lui de 75% des postes qui devraient disparaître à terme. Il ne resterait alors plus que 2000 employés chez Twitter.

En finir avec les pertes

Après une perte de 270 millions au dernier trimestre, Elon Musk doit rendre l'affaire rentable. Car il n'est pas seul à bord.

Le co-fondateur des logiciels Oracle, Larry Ellison, a fait un chèque d'un milliard. Le fonds souverain du Qatar et le prince saoudien Al-Walid ben Talal sont également dans l'affaire. Sans oublier les 13 milliards directement prêtés par les banques.

Elon Musk a lui déboursé un peu plus de 27 milliards. Aujourd'hui, il espère faire le même coup qu'avec Tesla. Après avoir évité de nombreuses fois la faillite, il en a fait un succès planétaire.

Pascal Wassmer