"Parler d'argent n'est pas neutre", souligne d'entrée Caroline Henchoz, sociologue et professeure ordinaire à la Haute école de travail social de Lausanne, spécialiste des pratiques économiques du quotidien.
L'argent n'est pas juste un instrument, un moyen d'échange ou de valeur. Cela dit quelque chose de notre position dans la hiérarchie sociale.
"Quand on demande à quelqu'un combien il ou elle gagne, c'est aussi potentiellement lui demander de quel milieu social il est et potentiellement créer des différences. Cela peut créer des formes de jalousie ou d'envie, ce qui va à l'encontre de ce qu'on aimerait que la relation intime soit: c'est-à-dire désintéressée et sans enjeu", souligne-t-elle.
En Suisse et dans de nombreux autres pays d'Europe, le salaire et plus globalement les discussions autour de l'argent sont considérés comme appartenant à la sphère intime, d'où cette tendance à la discrétion à ce propos. Mais Caroline Henchoz précise qu'il s'agit d'un facteur culturel, et qu'il n'en est pas de même aux Etats-Unis par exemple, où il est plus courant de parler de son salaire ou de sa fortune, comme marqueurs de statut social.
Quel est notre rapport à la richesse en Suisse? Quels facteurs expliquent notre réticence à parler d'argent? Les discussions autour de la fortune et du salaire sont-elles aujourd'hui plus aisées que par le passé?
Jessica Vial et l'équipe du Point J