"La prudence et la discipline budgétaire seront requises à tous les niveaux", avertit le Conseil fédéral. D'une part parce que le budget pour l'an prochain prévoit un déficit de 4,8 milliards de francs.
Et, à plus long terme, les Chambres fédérales veulent augmenter les dépenses pour renforcer l'armée, oeuvrer à la transition climatique et alléger les primes maladie.
Si bien que, dès 2024, la Confédération pourrait ne plus respecter le principe de frein à l'endettement. Une perspective qui inquiète certains spécialistes.
Évolution des mentalités
Selon Nils Soguel, directeur de l'Institut des hautes études en administration publique (IDHEAP), la crise du coronavirus a changé les mentalités - tant au sein d'une partie de la classe politique que de la population - en montrant qu'il était possible de mobiliser des grosses masses d'argent. Si bien que du côté de Berne, "on s'est habitué à raisonner en milliards de francs", remarque-t-il lundi dans La Matinale.
Le professeur de finances publiques s'alarme donc des perspectives à long terme. "La Confédération et les cantons vont faire face à des crises et des défis importants, et vont devoir apporter une réponse dans le cadre de budgets qui ne seront probablement pas en croissance, parce qu'on va au-devant d'une récession. Donc les recettes fiscales ne vont pas augmenter", présage-t-il, rappelant par ailleurs que les recettes liées aux bénéfices de la BNS risquent d'être aussi touchées par la conjoncture économique.
Pour la succession d'Ueli Maurer
Le conseiller fédéral en charge des Finances Ueli Maurer s'agace de cette tendance à l'expansion budgétaire. "Chaque parti se met à rajouter des dépenses pour plaire à sa clientèle", déplore-t-il.
"On se retrouve avec un gros panier de commandes qui est quasiment impossible à vider! Heureusement, nous avons le frein à l'endettement, mais nous devons nous y tenir", professe le ministre UDC. Pour cela, il y a selon lui "encore de nouveaux projet auxquels le Parlement doit renoncer".
La tâche de trouver des pistes pour équilibrer le budget, puis de convaincre le Parlement de les suivre, incombera toutefois à celui ou celle qui remplacera Ueli Maurer à la tête du département des Finances dès le 1er janvier.
Etienne Kocher/jop