Le prix moyen d'une voiture neuve atteint désormais 41'300 euros (environ autant en francs) en Allemagne, selon le quotidien Handelsblatt, qui rapporte les chiffres d'un institut spécialisé outre-Rhin. C'est un quart de plus qu'il y a cinq ans. Sans compter que les modèles d'entrée de gamme, moins rentables, sont peu à peu supprimés. Mercedes va arrêter de produire les Classe A et B en 2025. Du côté d'Audi, ce sont les modèles A1 et Q2 qui vont passer à la trappe.
Les marques allemandes ne sont toutefois pas les seules à se concentrer sur les modèles haut de gamme, selon le spécialiste de l'automobile Flavien Neuvy: "D'une façon générale, les constructeurs ont tendance à réduire la gamme qu'ils proposent à leurs clients pour une raison assez simple: plus il y a de modèles, plus cela coûte cher. Quand ils veulent réduire leur gamme, ils vont évidemment cibler en priorité les véhicules qui leur rapportent le moins d'argent." L'entrée de gamme, soit les petites citadines, en font donc les frais, indique Flavien Neuvy. "C'est un constat qu'on fait maintenant depuis plusieurs années, en particulier chez les constructeurs généralistes européens", observe-t-il.
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Prise de poids
Résultats des courses: le poids des voitures a augmenté de 50% ces trois dernières décennies et leur puissance a doublé, selon Luca Maillard, spécialiste des évaluations des véhicules à l'Association transports et environnement (ATE). Leur taille a également pris l'ascenseur. "C'est assez problématique: les modèles d'entrée de gamme consomment en général moins de carburant que les plus grosses voitures, du simple fait qu'elles pèsent moins", affirme-t-il.
D'après Luca Maillard, les choix des consommateurs expliquent en partie cette transformation. Mais les constructeurs, qui s'orientent vers des modèles plus grands et délaissent les plus petits, n'y sont pas non plus étrangers. Et leur marketing n'est pas en reste. "Enormément d'argent des constructeurs automobiles est dépensé pour promouvoir uniquement les gros modèles de type SUV", souligne-t-il.
Moins d'acheteurs potentiels
Ces voitures toujours plus onéreuses continuent d'alimenter les bénéfices des constructeurs, tout en devenant moins accessibles à Monsieur et Madame tout le monde.
"Quand on regarde sur ces trente dernières années, les ventes aux particuliers ont été globalement divisées par deux", relève Flavien Neuvy, qui parle d'un "effondrement". "Chaque année, 7 à 8% des ménages achetaient un véhicule neuf dans les années 1990. Aujourd'hui, on est à 2-3%, selon les pays.".
La voiture électrique ne va pas arranger les choses, puisqu'elle est encore plus chère. Les ménages qui n'ont plus forcément les moyens d'acheter neuf se tournent donc vers le marché de l'occasion. Celui-ci est en pleine explosion. Le nombre de voitures ne diminue en effet pas sur nos routes, bien au contraire. Elles sont simplement de plus en plus vieilles.
Sylvie Belzer/ami
La Chine se profile comme leader des voitures électriques
Les constructeurs européens arriveront-ils à prendre le virage de l’électrique? En la matière, les Chinois sont bien plus avancés, notamment en ce qui concerne les petites cylindrées.
Selon Flavien Neuvy, les fabricants du Vieux Continent vont s'adapter à la nouvelle donne. En revanche, les équipementiers et les sous-traitants sont particulièrement préoccupés, explique le spécialiste de l’automobile. La situation est délicate pour, par exemple, les fabricants de pièces de moteur à essence. "Ce sont des emplois qu'on peut difficilement reconvertir", affirme-t-il. Des inquiétudes concernent également les réseaux de concessionnaires. "La voiture électrique demande moins d'entretien qu'une voiture thermique", relève le spécialiste.
La Chine va, elle, tirer son épingle du jeu. "Le fait que l'Europe ait fait le choix de l'électrique est une chance formidable pour les constructeurs chinois. Ils n'arrivaient pas trop à entrer sur le marché européen, avec quelques dizaines de milliers de voitures vendues chaque année en Europe. Cela reste très faible. Ils ont besoin de sortir de leur marché national. L'Europe fait figure de cible idéale, puisque le marché européen fait le choix du 100% électrique. Et ils font de très bonnes voitures électriques."