Des dizaines de milliers d'entreprises suisses victimes indirectes d'une cyberattaque
Bertrand Berthoud, le directeur de la Petite cave du Chablais, à Collombey (VS) et Villeneuve (VD), ne peut plus émettre de factures, de bulletins de commandes ou de fiches de salaires depuis lundi matin.
La panne du logiciel tombe mal. "Cela fait peur de voir à quel point nous sommes tributaires de toute cette technologie, parce que nous sommes complètement stoppés", déplore-t-il.
Et de préciser: "Quand je dis 'complètement stoppé', ce n'est pas tout à fait vrai. Nous avons trouvé des solutions de secours provisoires. Par exemple, nous avons une grosse vente de vin en fin de semaine. C'est la plus grosse semaine de la Petite cave du Chablais. Nous sommes complètements stressés de devoir trouver des solutions pour être opérationnels, alors que 400 personnes vont venir chez nous."
Branle-bas de combat chez Winbiz
L'entreprise Winbiz, qui fournit le logiciel, fait donc face à de nombreux clients inquiets et mécontents. Pour Pascal Eichenberger, son directeur, il faudra encore attendre jusqu'à ce week-end. "Nous sommes en train de remonter le système sur une infrastructure neuve. Nous devrions être en capacité de remonter les choses pour cette fin de semaine. A choisir entre tout remonter mais prendre un risque vendredi soir ou la disponibilité dimanche, nous prendrons la solution de dimanche. La sécurité va vraiment primer dans cette affaire."
Pascal Eichenberger assure également que son entreprise est à pied d'œuvre pour réparer les dégâts: "Bien entendu, nous sommes tous mobilisés pour aller au plus vite. Je sais qu'énormément d'entreprises comptent sur nous. Nous ne prenons pas du tout cette affaire de hacking à la légère. Nous sommes tous sur le pont."
L'ensemble des données pourront être retrouvées par les entreprises, affirme Winbiz. Une enquête est en cours pour connaître les détails de la cyberattaque dont a été victime la société bernoise Infopro qui héberge le logiciel. Selon celle-ci, aucune fuite de données n'a été constatée.
Loïc Delacour/ami
Travailler hors ligne par précaution
Pour éviter des ennuis, certaines entreprises choisissent de ne pas utiliser les systèmes accessibles uniquement en ligne. C'est le cas de Revidor - Société fiduciaire SA à Genève.
"Nos données sont les nôtres, mais aussi celles de nos clients. Nous avons évidemment une grande sensibilité à cela et, aussi, un peu une peur du risque, par rapport notamment à certaines affaires dont on a pu entendre parler récemment dans les journaux", explique son directeur Gilbert Anthoine. "Tout cela nous a conduit à ne pas utiliser, pour l'instant, ces nouvelles technologies dans notre fiduciaire et garder des données chez nous sur un serveur local."
"Je pense que nous devons probablement faire le pas", ajoute-t-il. "Nous aurons alors comme souhait de pouvoir avoir un réel contrôle sur où se trouvent les données et sur comment elles sont sécurisées."