La réponse est oui, répondent à l'unisson les experts interrogés par la RTS. Et pour cause, les prix de l'électricité ont été multipliés à certains moments par six et ceux du gaz par quinze. Ces difficultés sont amenées à durer.
"L'avenir n'est pas très radieux. On est parti pour être dans une crise des prix des énergies fossiles qui pourrait durer dans le temps", soutient Phuc-Vinh Nguyen, chercheur à l'Institut Jacques Delors à Paris et spécialiste en politique de l'énergie.
Les entreprises font donc leurs calculs, déclare-t-il, pour savoir s'il sera toujours rentable à l'avenir de produire sur sol européen. "Ce n'est pas gagné à l'heure actuelle, vu les difficultés d'approvisionnement en gaz et de production d'électricité, pour la France par exemple", avance Phuc-Vinh Nguyen. "Il y a une nécessité d'accompagner ces industriels, si l'on veut préserver notre tissu industriel", plaide l'expert. Menacer d'aller produire ailleurs est du reste un moyen de faire pression sur les Etats pour obtenir de l'aide.
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Grands consommateurs plus concernés
Quelles sont les industries les plus susceptibles de délocaliser? Plus les entreprises sont gourmandes en énergie, plus elles sont évidemment tentées d'aller voir ailleurs.
On peut citer les engrais, et donc par ricochet l'agro-alimentaire, la métallurgie ou encore la chimie. Par exemple, le géant de la chimie BASF, le premier consommateur de gaz d'Allemagne, a mis le scénario du déménagement sur la table ce mois.
Destination la Chine ou les Etats-Unis
Tous ces secteurs pourraient davantage lorgner sur la Chine et plus généralement l'Asie. Les Etats-Unis se placent également toujours plus comme une destination de choix.
Le pays ne connaît qu'une petite hausse des coûts de l'énergie, puisqu'il dispose notamment de son propre gaz naturel liquéfié. Il met aussi à disposition de nouvelles subventions pour les entreprises produisant sur son sol. Une donne qui pourrait donc creuser l'écart entre la première économie mondiale et le Vieux Continent.
Quid de la Suisse?
Les entreprises souffrent en Suisse aussi, mais toutes ne sont pas logées à la même enseigne, rappelle Christophe Reymond, le directeur du Centre patronal. Selon lui, les délocalisations sont envisageables pour les très grandes entreprises.
"Quand on parle de plus petites structures, cela n'est certainement pas le cas. Il n'y a pas une petite industrie d'ici avec douze collaborateurs ou un petit – ou même un grand – maraîcher qui peut se dire qu'il va délocaliser sa production à l'étranger."
Cléa Favre/ami