La ville de Yichun, dans la province chinoise du Jiangxi, a éteint toutes ses usines de raffinage du lithium durant plusieurs jours. La cause en est la pollution d’une rivière qui a entraîné une enquête des autorités. La production aurait peut-être redémarré, sans que cela soit confirmé.
Cette sale histoire, dans tous les sens du terme, rappelle par l’exemple que la transition électrique dépend beaucoup d’un seul pays, voire d’une seule région de ce même pays.
Production à démultiplier d'ici 2040
Car l'appétit pour cet élément chimique est gargantuesque: il faudra 42 fois plus de lithium qu’aujourd’hui d’ici 2040 si l’on veut opérer la transition énergétique. Sans ce métal, on ne peut produire ni batteries de smartphone ni batteries de voiture électrique.
Le boom de la demande a fait flamber le prix du carbonate de lithium. Et dans un contexte d’inflation, les fabricants de batteries et les constructeurs automobile se montrent agressifs, investissant directement dans les mines, à l'exemple de Tesla ou de la multinationale suisse Glencore.
Une extraction très polluante
Or - et c’est là une première sale histoire - l’extraction du lithium est très polluante. Les autorités chinoises, face à la pollution des eaux, pourraient décider de réduire la production à Yichun. Par effet de pénurie, cela pourrait aggraver la hausse des prix et peut-être freiner la transition énergétique que plusieurs pays mènent tambour battant.
La deuxième sale histoire est la hausse des prix, qui atterrit toujours sur le consommateur final. Car la dépendance est grande: la Chine pèse 60% du raffinage dans le monde. Et les trois quarts des cellules, de même que 60% des composants de batteries sont aussi fabriqués en Chine.
Grosses réserves en Amérique latine
C'est pourtant en Amérique latine que les réserves de lithium sont les plus abondantes: le Chili, l'Argentine et la Bolivie devancent l’Australie et la Chine en la matière. Ce n’est du reste pas un hasard si l’Argentine a accueilli le mois dernier un sommet mondial pour attirer les investisseurs dans le lithium.
Face à la pollution engendrée par cette activité, des projets d’extraction écoresponsables voient cependant le jour, notamment en France.
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A l’inverse, un projet d’extraction classique en Serbie a été enterré en début d’année. La population n’en voulait pas.
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Frédéric Mamaïs/oang