"Le prix des médicaments (préparations originales et génériques qui figurent sur la liste des spécialités, ndlr.) en Suisse est fixé par l'Office fédéral de la santé publique. Comme critère, on fait une comparaison internationale dans neuf pays en Europe et on regarde les équivalents thérapeutiques qui sont déjà sur le marché suisse (...). Ce prix peut faire l'objet de négociations, de discussions, mais c'est sur ces deux aspects qu'il sera déterminé", explique Pascal Bonnabry, pharmacien en chef aux Hôpitaux universitaires de Genève.
Selon Interpharma, l'association des entreprises phramaceutiques qui pratiquent la recherche, 71% du prix d'un médicament va à l'entreprise pharmaceutique pour les frais de développement, de recherche et de promotion, environ 27% va aux intermédiaires qui commercialisent la substance, et à cela s'ajoute la TVA. Ces marges sont particulièrement critiquées par les associations de consommatrices et consommateurs, par le surveillant des prix et par Santésuisse, la faîtière des assurances-maladie, qui les considèrent comme un poids pour les coûts de la santé.
Beaucoup de tractations se font en coulisses. Il y a le prix officiel, fixé par l'OFSP, puis il y a des discussions et parfois des rabais, qui constituent le prix réel.
"On ne peut pas blâmer l'industrie pharmaceutique. C'est la situation et les règles du jeu en Suisse qui lui permettent d'avoir ces prix. Après, on peut discuter. Est-ce que les conditions sont telles en Suisse parce que le lobby de l'industrie pharmaceutique est assez fort et menace rapidement de délocaliser des emplois si l'on touche au prix des médicaments? Il y a une forme de pression", avance Pascal Bonnabry, pharmacien en chef des HUG. Les industries, elles, évoquent l'îlot de cherté suisse, mais aussi un marché compliqué: restreint mais fragmenté, avec différentes langues et réglementations cantonales, qui engendrent des coûts fixes élevés.
Les prix sont-ils régulièrement réévalués? Qu'est-ce qui explique les principales disparités avec l'étranger? Des leviers sont-ils envisagés pour faire baisser les prix?
Jessica Vial et l'équipe du Point J