Sur les neuf premiers mois de 2022, la BNS a subi une perte de 140 milliards de francs. L'évolution du 4e trimestre ne montre pas de retournement, a dit Thomas Jordan dans une interview à l'émission "Samstagsrundschau" de la radio SRF.
Il faudra cependant attendre la fin de l'exercice pour en être certain. D'ici là, "il faudrait presque un miracle pour réaliser un résultat positif", a précisé le directeur de la BNS.
>> Lire à ce sujet : La BNS essuie une perte abyssale de 142 milliards sur neuf mois
Il est certes déjà arrivé, notamment en 2010, que l'institut d'émission verse une somme aux collectivités publiques malgré un exercice déficitaire. Mais ce cas est exceptionnel et s'expliquait en 2010 par le fait que la perte avait pris tout le monde de court et que la Confédération et les cantons avaient budgété ces recettes. Mais cette année, on sait depuis le printemps qu'il ne faut guère compter sur la manne de la BNS.
En outre, les règles pour le versement des bénéfices ont été changées depuis lors, a précisé Thomas Jordan. Il existe aussi une plus grande compréhension du fait que la BNS n'est pas en mesure de verser à tous les coups une participation.
Ventes de devises
La principale raison des pertes de la BNS réside dans la vente de devises, a expliqué Thomas Jordan. Pour renforcer le franc et contrer l'inflation, la BNS s'attelle depuis des mois à diminuer ses réserves de devises. Les marchés des actions sont en outre en baisse depuis le début de l'année.
Concernant l'inflation, le patron de la BNS s'est dit modérément optimiste. Il ne peut pas exclure de nouvelles hausses du taux directeur, après celle annoncée jeudi. En tous les cas, il ne faut pas s'attendre à ce que le renchérissement puisse être ramené dans la zone souhaitée – entre 0 et 2% – avant fin 2023.
Pas de récession en vue
Thomas Jordan a indiqué qu'il ne fallait pas craindre que l'inflation bondisse en Suisse comme dans certains pays européens, où elle peut flirter avec les 10%. Il a reconnu cependant que la BNS avait longtemps sous-estimé les risques d'inflation l'an dernier. Mais la guerre en Ukraine "n'était alors pas encore prévisible", a-t-il ajouté.
En outre, les modèles de prévision utilisés ne sont "pas optimaux". Il faudrait les compléter avec "un peu de bon sens", a-t-il plaidé.
En termes de croissance, Thomas Jordan estime que la Suisse est mieux armée que nombre de ses concurrents. Certes, la croissance s'annonce moindre en 2023 par rapport à cette année, mais il ne devrait pas y avoir de récession, contrairement à ce que prévoit l'Allemagne par exemple.
>> Lire à ce sujet : La croissance économique est attendue en nette baisse en 2023
ats/cab