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Le prix du gaz à son plus bas niveau depuis l'invasion de l'Ukraine

Depuis le début de la guerre en Ukraine, le prix du gaz n’a jamais été aussi bas mais les factures ne baissent pas. Explications
Depuis le début de la guerre en Ukraine, le prix du gaz n’a jamais été aussi bas mais les factures ne baissent pas. Explications / 19h30 / 1 min. / le 7 janvier 2023
Près de cinq fois moins cher qu'en août: le prix de gros du gaz naturel en Europe est tombé lundi à son plus bas niveau depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, grâce à un hiver clément qui permet d'économiser les stocks, mais les analystes mettent en garde contre l'imprévisibilité du marché pour les mois à venir.

Le prix de référence du gaz naturel en Europe est calculé pour un mégawattheure (MWh) livrable le mois suivant (contrat TTF sur le marché néerlandais): lundi, ce prix oscillait autour de 73 euros, soit le plus bas depuis le 21 février 2022. Ce prix de gros a perdu près de 50% en un mois et est largement redescendu des pics estivaux: en août 2022, il avait culminé à 342 euros.

Les prix du gaz ont commencé à augmenter avant la guerre en Ukraine, mais ils ont véritablement explosé à partir du 24 février 2022. La fermeture de plusieurs gazoducs entre la Russie et l'Europe, jusqu'alors son premier client, a mécaniquement renchéri les prix, puisqu'il y avait moins de gaz arrivant sur le continent.

Les exportations de gaz de Gazprom vers l'Union européenne et la Suisse ont chuté de 55% en 2022, a d'ailleurs annoncé Gazprom lundi. Le géant russe a livré 62 milliards de mètres cubes à l'Europe en 2022 contre 138 milliards en 2021, selon une estimation de Thierry Bros, analyste du marché de l'énergie et enseignant à Sciences Po.

Réserves à ras bord

Pourquoi les prix baissent-ils aujourd'hui? D'abord parce que l'Europe a rempli ses réserves à ras bord l'été dernier, ensuite parce que l'automne a été très doux, et enfin parce que ménages et entreprises ont volontairement réduit leur consommation: les Européens ont nettement moins brûlé de gaz dans leurs chaudières.

>> Lire aussi : La Suisse a baissé sa consommation de gaz de 30% en novembre

Les stocks restent donc très confortables pour un début d'année, et il y a donc moins besoin d'acheter du gaz. Le taux de remplissage des stocks européens de gaz s'élevait lundi à 83,3%. Les stocks français sont pleins à 84%, les Allemands à 90%, selon Gas Infrastructure Europe.

Le prix du gaz se répercute sur l'électricité, car de nombreuses centrales européennes brûlent du gaz pour produire de l'électricité.

>> Le décryptage du 19h30 :

Jean-Paul Cateau décrypte le cours du gaz et les importations
Jean-Paul Cateau décrypte le cours du gaz et les importations / 19h30 / 1 min. / le 7 janvier 2023

ats/ebz

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Analystes prudents

Ces variations sur les prix de gros ne se reflètent pas directement dans les prix facturés aux consommateurs, car les fournisseurs lissent leurs tarifs, a fortiori dans cette période où les prix peuvent bondir d'un jour à l'autre. Pour l'avenir, les analystes restent très prudents.

"Tout dépend de ce que Vladimir Poutine décide au sujet des flux de gaz vers l'Europe" dit à l'AFP Thierry Bros. "Il pourrait en envoyer moins, mais il pourrait aussi en envoyer plus sur certaines directions dans l'espoir de diviser les pays européens entre eux, c'est ce que certains universitaires appellent le 'principe d'incertitude du Kremlin' qui teste ainsi l'unité européenne".

A titre d'exemple, il cite la possibilité pour la Russie d'exporter du gaz via un gazoduc passant par la Biélorussie, dans l'espoir d'intéresser des pays comme l'Italie ou l'Allemagne. Mais "si l'Europe ne reçoit pas au minimum 30 milliards de mètres cubes de gaz russe, ce sera compliqué de remplir les stockages cet été et les prix risquent de remonter" dit-il.

Néanmoins, le continent est "mieux préparé" que l'an passé, dit-il. En janvier 2022, les réserves de gaz européennes n'étaient pleines qu'à 54%, avant le déclenchement du conflit.

La facture reste salée pour les consommateurs

Malgré la baisse du prix du gaz naturel, de nombreux Romands et Romandes voient leur facture grimper en ce début d'année. Pour quelle raison? "La forte hausse des prix s'est déroulée en 2022, avec des achats qui sont effectués pour l'année suivante, donc pour cette année 2023", explique Pierre-Alain Kreutschy, président de la société des gaziers de la Suisse romande, dans l'émission Forum.

"Le prix des tarifs actuellement en vigueur en 2023 sont basés sur les achats qui ont été faits plus tôt, à des périodes qui étaient moins favorables", précise le spécialiste.

Le gaz qui est acheté à meilleur prix aujourd'hui servira surtout pour 2024 et 2025, selon Pierre-Alain Kreutschy. "Chacun a un rôle à jouer pour que les prix restent bas. Le fait de réduire la consommation va réduire la demande et mécaniquement permettre de bénéficier de prix plus intéressants."

>> L'interview de Pierre-Alain Kreutschy dans Forum :

Le prix du gaz a baissé mais on le paie toujours aussi cher: interview de Pierre-Alain Kreutschy
Le prix du gaz a baissé mais on le paie toujours aussi cher: interview de Pierre-Alain Kreutschy / Forum / 7 min. / le 3 janvier 2023