Les exportations s'essoufflent en raison du franc fort et de l'augmentation des prix à l'étranger, qui freine la conjoncture mondiale. Par ailleurs, "les prix élevés de l'énergie et l'augmentation du coût de la vie déploient également leurs effets" en Suisse, souligne mardi la Raiffeisen.
Les économistes de la banque saint-galloise ont frotté leur boule de cristal et anticipent une croissance du Produit intérieur brut de 1% pour l'année à venir.
Nombreux indicateurs positifs
Le faible risque de récession en Suisse est notamment lié au pouvoir d'achat, qui a moins diminué qu'à l'étranger grâce à la force du franc suisse. Il permet d'amortir en partie le coût des importations. Pour 2023, la Raiffeisen prévoit une inflation inférieure à celle de l'année écoulée, avec un taux d'augmentation des prix à la consommation de 2,3%.
Par ailleurs, d'autres éléments permettent à l'économie suisse de se montrer optimiste: un faible endettement, de nombreux brevets déposés, sans oublier une relative "paix du travail" qui a été préservée dans le pays malgré les différentes crises.
>> Lire à ce sujet : Travail.Suisse tire un bilan contrasté des négociations salariales pour 2023
Par ailleurs, l'immigration - thématique qui a été fortement mise en avant ces derniers temps - soutient le tissu économique en atténuant la pénurie de main d'oeuvre. Elle alimente aussi la croissance démographique et permet ainsi de maintenir le niveau général de consommation ainsi qu'un ratio de dépendance démographique relativement équilibré, atténuant la pression économique sur les personnes actives.
>> Voir aussi : Avec 100'000 postes vacants, la pénurie de main d’œuvre s’aggrave en Suisse
Population inquiète
Ainsi, la consommation devrait rester un pilier solide pour la croissance cette année et permettre d'éviter tout risque endogène de basculer dans une récession.
Pour 2024, Raiffeisen prévoit une croissance du PIB d'environ 1,5%. "Nous avons l'espoir que, lors de la quatrième année après le début de la pandémie de Covid-19, nous connaîtrons à nouveau une évolution en direction de la croissance", explique Martin Neff. La condition préalable est qu'aucun nouveau choc ne survienne, notamment sanitaire ou géopolitique.
Toutefois, ces éléments positifs ne suffisent pas à rassurer les citoyens et les citoyennes suisses, qui se disent particulièrement pessimistes pour l'année à venir, sur fond d'incertitude en particulier pour les ménages les plus précaires, selon plusieurs sondages d'opinion.
>> Lire à ce sujet : Au niveau financier, les Suisses n'ont jamais été aussi pessimistes depuis six ans
Retour de la rémunération des comptes courants
La hausse des taux d'intérêt approche elle de son pic. La BNS devrait limiter ses hausses des taux directeurs cette année, les experts en sont convaincus.
Mais d'ici-là, certaines banques ont pris les devants pour répercuter ces taux positifs sur les comptes d'épargne, qui commencent à rapporter. La rémunération de l'épargne reste faible - 0,19% en moyenne pour le mois de janvier, d'après le portail de services financiers Moneyland.ch - mais elle est largement supérieure aux 0,04% mesurés l'an dernier.
Ce sont majoritairement les petits établissements cantonaux et régionaux qui ont agi. La Banque cantonale de Zoug propose ainsi un taux d'intérêt sur son compte d'épargne de 0,65% la première année, suivie par ses homologues de Lucerne (0,6%) et de Schaffhouse (0,6%), selon le relevé de Moneyland.ch. De petits établissements régionaux, comme Clientis Spar- und Leihkasse Thayngen (0,55%), sont également référencés.
Grandes banques moins généreuses
Les grands groupes bancaires, eux, traînent encore des pieds pour suivre ce mouvement. Le taux est fixé à 0,1% chez Raiffeisen et il tombe à 0,01% chez Credit Suisse. Pour l'heure, Moneyland attribue le bonnet rouge à UBS, chez qui le taux d'intérêt est de 0%. Il passera à 0,1% en février. Parmi ces grands établissements, la Banque cantonale de Zurich (0,5%) et Postfinance (0,4%) font exception.
Moneyland avertit cependant que les taux plus généreux sont souvent couplés à des conditions spécifiques, notamment en matière de retrait ou de montant maximal de dépôt. Enfin, cette hausse des taux est également à relativiser en raison de l'inflation: corrigé du renchérissement, les épargnants restent perdants sur leur épargne, souligne le directeur général de Moneyland Benjamin Manz.
Sujet radio: Dominique Choffat
Texte web: jop avec ats
Prévision de croissance mondiale revue à la baisse
La Banque mondiale a annoncé mardi avoir abaissé ses prévisions de croissance pour 2023 à des niveaux proches de la récession pour de nombreux pays, alors que l'impact de la remontée des taux d'intérêt par les banques centrales prend de l'ampleur et que les principaux moteurs de l'économie mondiale s'essoufflent en raison notamment du conflit russo-ukrainien.
L'organisation internationale table ainsi pour cette année sur une croissance mondiale de 1,7%, ce qui marquerait la progression la plus faible depuis près de 30 ans, hors récessions de 2009 et 2020. Dans son précédent rapport datant de juin, elle prévoyait une croissance de 3,0%.