Modifié

Des bagages en cabine toujours plus petits pour un business plus juteux

Parfois plus cher que le billet, le coût du bagage cabine est à la hausse.
Parfois plus cher que le billet, le coût du bagage cabine est à la hausse. / 19h30 / 2 min. / le 12 janvier 2023
Les valises et sacs à dos emportés dans la cabine des avions ne sont plus automatiquement compris dans le prix du billet. Après la généralisation du bagage en soute payant il y a plusieurs années, certaines compagnies low-cost font désormais payer les bagages trop grands pour être glissés sous le siège avant, engrangeant au passage de juteux revenus.

Pour voyager pas cher, il faut voyager léger. Vraiment très léger. Finis les jeunes étudiants débarquant à Barcelone avec des petites valises à roulettes. Depuis plusieurs mois, on les voit avec un sac à dos de taille modeste et plusieurs couches de vêtements superposées. Sinon, il faut payer, parfois même plus cher que le prix du billet d'avion.

Prenons un vol Genève-Barcelone avec EasyJet du 15 au 18 janvier prochains, hors saison. L'aller-retour coûtera au mieux 51,40 francs par personne (tarifs consultés le 11 janvier à 17h), à condition de ne prendre qu'un petit sac à main qui se glisse sous le siège avant.

Prix doublé avec un bagage en cabine

Avec un "grand" bagage à main placé dans les casiers de la cabine, il faudra payer 102,40 francs, soit le double. Le prix est à peine supérieur (110,88 francs) avec, à la place, un bagage en soute. Et pour un service total, à savoir bagage en soute, "grand" bagage en cabine, siège à choix et plus confortable, parmi d'autres avantages, il faudra payer la coquette somme de 354,50 francs.

Dans ses conditions générales de vente, EasyJet annonce pourtant un coût supplémentaire de 8,95 francs pour un bagage en cabine. Mais ce surcoût relativement modéré ne s'applique que dans certains cas, généralement sur des vols simples, sans le retour.

Un système qui brouille la comparaison

Les autres compagnies européennes à bas prix ne sont pas en reste. Au départ de Genève, Eurowings, Vueling, Jet2 ou encore Wizz Air pratiquent la même tarification. Depuis Bâle, Ryanair a été la première compagnie à facturer le bagage en cabine, en 2018 déjà.

Pour le client, le saucissonnage du prix du billet sème la zizanie sur les sites de comparaison. Prenons par exemple un aller simple pour Barcelone le 1er février prochain. Sans bagage, les compagnies low-cost sont les plus accessibles, mais si l'on ajoute une valise de taille cabine, c'est Swiss qui passe en tête.

Selon le consultant en aéronautique Philippe Meyer, ce système est un piège pour le passager. "Aujourd'hui, s'il effectue une recherche sur les sites de comparaison, il ne peut plus savoir quel est vraiment le tarif du vol qu'il va effectuer".

Plus rapide à embarquer

S'il est acheté en ligne au moment de la réservation, le prix du bagage en cabine sera moins salé. Le jour du départ, il faudra débourser 60 francs et le mettre en soute. C'est le cas, du moins, avec EasyJet.

Le bagage en cabine s'annonce donc très lucratif pour les compagnies aériennes, d'autant qu'il ne lui coûte rien, contrairement aux bagages en soute qui requièrent le service des bagagistes.

Lors de son introduction en 2021, EasyJet avait justifié cette réforme par un manque d'espace disponible dans les compartiments à bagages des avions. Cela affectait la ponctualité et la satisfaction des clients, car des valises devaient être placées en soute à la dernière minute.

L'une des raisons de cette congestion s'explique par l'ajout progressif, au fil des années, de davantage de sièges - plus fins et moins espacés - dans les appareils, tandis que l'espace disponible pour les bagages n'augmente pas.

Etre en tête des sites comparatifs

Selon un rapport du cabinet d'étude IdeaWork, les bagages (tous types confondus) rapportaient aux compagnies plus de 20 milliards de francs en 2019, une manne qui augmentera certainement avec les valises en cabine.

Mais pour Philippe Meyer, l'intérêt des compagnies n'est pas uniquement d'engranger des revenus supplémentaires. Il s'agit surtout "d'apparaître en premier sur les sites comparatifs. L'idée est d'avoir le plus d'options payantes, et donc un prix de base qui est le plus bas possible. Le voyageur aura donc plus de chance de se balader sur leur site et finalement, de réserver".

Sujet TV: Charlotte Onfroy-Barrier

Article web: Feriel Mestiri/vic

Publié Modifié