En attendant l'ordonnance numérique, les pharmacies jonglent avec les différentes prescriptions
On se souvient des écritures en pattes de mouche qui figuraient - et figurent parfois encore - sur les ordonnances médicales. Le risque principal était alors que le pharmacien ou la pharmacienne ne parvienne pas à les déchiffrer. Aujourd'hui, c'est un autre défi qui s'ajoute au premier, celui des prescriptions médicales envoyées par e-mail aux patients.
Certains exigent que l’ordonnance leur soit faxée directement par le médecin, d’autres veulent une version imprimée. Mais la plupart des pharmaciens interrogés demandent que le mail leur soit transféré. "S'il s'agit d'un médicament problématique, comme un sirop pour la toux, des tranquillisants ou somnifères, il nous arrive d'appeler le médecin pour s'assurer que l'ordonnance est valable", explique la responsable d'une pharmacie genevoise jeudi dans le 19h30.
Des règles (pas si) claires
Selon la présidente de PharmaSuisse Martine Ruggli, la loi est pourtant claire: "Les ordonnances qui sont envoyées par mail ou par fax ne répondent pas aux requis légaux. Une pharmacie n’aurait pas le droit de l'honorer. Donc on essaie de dépanner les patients, mais souvent on doit redemander l’ordonnance derrière, pour être sûr d’avoir l’originale".
Si les règles sont claires, dans la pratique, ça l'est moins. De toutes manières, les ordonnances seraient trop faciles à falsifier, estime le Parlement à Berne. Ce dernier a tranché le 28 novembre dernier pour que les ordonnances soient à l'avenir prescrites sous forme numérque.
L'association des pharmaciens PharmaSuisse et celle du corps médical (FMH) ont donc uni leurs forces pour mettre en place un tel système. Un projet lancé à l'automne devrait aboutir en fin d'année 2023.
Une première valable dans toutes les officines
Certains acteurs n'ont toutefois pas attendu pour développer leur propre système, comme la plateforme de télémédecine Soignez-moi.ch. "Nous ne sommes pas les premiers. En revanche, nous sommes les premiers à avoir mis en place un système d'ordonnance numérique, qui soit accessible à toutes les pharmacies", explique la directrice générale Carole Matzinger.
Le principe est simple: après une consultation en ligne, le patient reçoit par e-mail une ordonnance munie d'un QR-Code. Nul besoin de l'imprimer, il suffit de montrer le code depuis son natel. Le pharmacien n'a alors qu'à le scanner avec son propre natel. Le QR-Code le dirigera sur le site de la plateforme, qui lui demandera de signaler que le médicament a bien été livré. L'ordonnance deviendra ainsi caduque.
Du côté de PharmaSuisse et de la FMH, on estime que le système "est un pas dans la bonne direction". Mais il comporte des lacunes, outre le fait que ce type d'initiative complique les choses: "Cela fait plusieurs solutions et, pour le patient, ce n’est pas très facile de s’y retrouver. Mais nous travaillons ensemble pour réunir nos forces. Et pour avoir aussi la solution qui réponde à tous les critères définis par les associations faîtières", assure Martine Ruggli, qui s'exprime au nom des deux associations.
Feriel Mestiri