La force du franc a protégé la Suisse de l'inflation
Depuis un an, après des décennies de discrétion, l'inflation est de retour. Selon l'Office fédéral de la statistique, les prix ont grimpé en moyenne de 2,8% en Suisse en 2022. L'augmentation s'explique notamment par la hausse des prix des produits pétroliers et du gaz, en lien avec la guerre en Ukraine.
Pour mesurer le phénomène, l'émission de la RTS basik s'est rendue dans un supermarché valaisan. Premier exemple: la brique de lait est vendue 10 centimes de plus qu'il y a un an. Autre exemple: le paquet de farine a augmenté de 10% l'an dernier. Une dynamique qui affecte toutes les matières premières alimentaires.
Pour les petits budgets, la situation est particulièrement difficile, car leur pouvoir d'achat est aussi durement touché par la hausse des factures d'électricité 2023 et par l'augmentation du prix des carburants.
L'influence des primes maladie
En France, où basik a poursuivi son enquête, le choc de l'inflation est encore plus douloureux. La hausse des prix à la consommation s'est élevée à 5,2 % en moyenne annuelle sur l'ensemble de 2022, selon l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Les seuls prix de l'alimentation ont augmenté de 6,8%, et ceux de l'énergie de 23,1%.
Surveillant des prix à la Confédération, Stefan Meierhans estime qu'en 2023, c'est "l'augmentation des primes maladie qui va le plus influencer le budget des familles et de la classe moyenne" en Suisse.
Monsieur Prix poursuit: "Dans le domaine de l'énergie, on a déjà vu une augmentation nette l'année passée. Cela risque de (continuer) pour le prix de l'essence, et encore plus pour le diesel. Beaucoup d'entreprises, notamment des PME, en souffrent beaucoup." Il évoque un "effet ricochet" qui pourrait intervenir aussi "sur le prix des transports publics".
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S'appuyer sur la force du franc
Interrogée par la RTS, Andréa Maechler, de la direction générale de la Banque nationale suisse (BNS), indique que la "force du franc" a en grande partie limité les effets de l'inflation sur l'économie. "Cela veut dire que les prix importés sont moins chers. On n'importe pas l'inflation des autres."
Andréa Maechler détaille la politique conduite ces derniers mois par la banque centrale: "On a simplement laissé le franc s'apprécier. Pendant de longues années, nous avons tout fait pour essayer de freiner cette appréciation, parce que nous avions une inflation trop basse. Tout à coup, (nous nous sommes retrouvés) dans un contexte totalement différent! On a (aujourd'hui) une inflation trop haute, donc on est beaucoup plus intéressé et d'accord de voir le franc s'apprécier."
Après un premier trimestre encore difficile, l'inflation devrait décroître en Suisse en 2023, selon de nombreux économistes. Très loin de pays comme l'Argentine, où, avec 95%, l'inflation a atteint en 2022 un niveau catastrophique. Un record depuis 32 ans dans le pays!
Serge Enderlin
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