Prix des livres français en Suisse: Pascal Vandenberghe évoque "une victoire d'étape"
La Commission de la concurrence (Comco) a ouvert une enquête à l’encontre du groupe éditorial français Madrigall. Elle va examiner s'il limite de façon illicite la possibilité pour les libraires suisses de se fournir en France à de meilleures conditions. Pour Pascal Vandenberghe, directeur de Payot, c'est une première victoire.
Le groupe Payot avait déposé en septembre une plainte contre Madrigall, maison-mère de Gallimard, Flammarion ou Casterman, pour abus de pouvoir de marché relatif, rappelle la Comco dans un communiqué publié mardi. Il lui reprochait d’empêcher les libraires suisses de se procurer en France des livres au prix du marché français et aux conditions usuelles françaises.
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Dans le cadre de l’enquête, "la Comco va examiner si Madrigall détient effectivement un pouvoir de marché relatif envers le dénonciateur et si la société s'est comportée de manière abusive au sens de la loi sur les cartels", précise la commission.
>> Le reportage du 19h30 :
"Il y aura une répercussion sur le prix de vente"
Invité du 19h30 mardi, le patron de Payot avait donc le sourire. "C'est une première victoire d'étape (...) quatre mois après la plainte, on a une prise de position de la Comco qui entre en matière sur une procédure, c'est donc un bon signe", explique-t-il.
"On a un prix d'achat qui est de 40% à 50% plus élevé que si on achetait directement en France", rappelle Pascal Vandenberghe. D'après lui, cette injustice devrait être réparée et in fine profiter aux clients en Suisse. "Il est évident que si l'on peut bénéficier de prix d'achat plus bas, on le répercutera sur le prix de vente", précise-t-il.
A titre d'exemple, le dernier livre de Michel Houellebecq, "Anéantir", vendu actuellement 26 euros en France et environ 40 francs en Suisse, pourrait au final descendre à 35 ou 36 francs, détaille Pascal Vandenberghe. Une différence encore relativement importante qui s'explique toutefois par les coûts qui ne sont pas les mêmes en Suisse.
Quant au risque de se fâcher avec de grands éditeurs, le directeur assume, tout en jugeant avoir la loi de son côté. "La loi a pour objectif de pondérer la force des puissants par rapport aux plus faibles. Et à ce jeu-là, il est clair que Payot est le plus faible", conclut-il
ats/asch/ther
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Le pouvoir de marché relatif, qu'est-ce que c'est?
Une entreprise dispose d'un pouvoir de marché relatif lorsque d'autres entreprises sont dépendantes en matière d'offre ou de demande d'un produit ou d'une prestation, de telle sorte qu'il n'existe pas de possibilités suffisantes et raisonnables de se tourner vers des sources alternatives, explique la Comco.
Il peut y avoir abus, si, par exemple, une entreprise disposant de ce pouvoir de marché relatif empêche d'autres entreprises de se procurer une marchandise proposée en Suisse et à l'étranger aux conditions étrangères.
La Comco s'est vue confier une nouvelle tâche à la suite de l'entrée en vigueur le 1er janvier 2022 du contre-projet indirect à "l'initiative pour des prix équitables". La notion de pouvoir de marché relatif des entreprises figure désormais dans la loi sur les cartels.