"L'inflation a un peu ralenti mais reste élevée", indique le comité de politique monétaire de la Fed, le FOMC, dans son communiqué. Par ailleurs, "les indicateurs récents montrent une croissance modérée des dépenses et de la production", précisent les responsables de l'institution monétaire.
Dans la foulée de cette décision, l'euro a brutalement progressé par rapport au dollar, atteignant son plus haut niveau depuis près de dix mois et frôlant le seuil symbolique de 1,10 dollar.
Le mouvement a eu lieu malgré les déclarations du président de la Fed Jerome Powell qui a dit prévoir "plusieurs hausses de taux supplémentaires" dans les mois à venir, signe que le resserrement monétaire devrait se poursuivre.
"Nous parlons de quelques hausses des taux supplémentaires pour arriver au niveau que nous pensons être suffisamment restrictif", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse, soulignant que "l'inflation reste élevée", et que les resserrements de politique monétaire mettent du temps à faire pleinement sentir leurs effets.
La huitième hausse
Avec cette huitième hausse d'affilée, les taux de la Fed, qui se trouvaient à zéro il y a encore un an, se situent désormais dans une fourchette de 4,50 à 4,75%, après une décision prise à l'unanimité.
Ce relèvement d'un quart de point de pourcentage marque toutefois un retour à un niveau de hausse plus habituel, après des hausses particulièrement fortes, d'un demi-point, et même de trois quarts de points.
L'objectif des hausses de taux: pousser les banques à relever les taux d'intérêt des prêts aux ménages et entreprises. Pour tenter d'enrayer l'inflation, qui avait atteint en juin son plus haut niveau depuis plus de 40 ans, il était nécessaire de faire ralentir la consommation pour empêcher les prix de continuer leur escalade vertigineuse.
Mais la consommation étant le moteur de l'économie américaine, un resserrement trop fort pourrait conduire à une récession. Pour Pierre-Olivier Gourinchas, chef économiste du Fonds monétaire international (FMI), qui a publié de nouvelles prévisions mardi, il y a toutefois encore "une possibilité étroite" pour que ce scénario soit évité.
ats/vajo
Marché du travail solide
L'état du marché du travail, notamment, est observé de très près par la Fed, après deux années de pénurie de travailleurs qui ont fait grimper les salaires, en plein épisode de forte inflation.
Les chiffres officiels de l'emploi en janvier seront publiés vendredi. Le taux de chômage est attendu en légère hausse, à 3,6%, un niveau cependant toujours parmi les plus bas des 50 dernières années. Le nombre de créations d'emplois est lui attendu en ralentissement, à 187'000 contre 235'000 en décembre, selon le consensus de Briefing.com.
En janvier, les inondations en Californie et d'importantes chutes de neige dans plusieurs Etats ont fait ralentir les créations d'emplois dans le secteur privé, selon l'enquête mensuelle ADP/Stanford Lab publiée mercredi.
Mais "nous voyons un marché du travail toujours solide", a précisé la cheffe économiste d'ADP, Nela Richardson. Quant aux salaires, ils affichent une progression stable par rapport à décembre.
Un autre chiffre, publié mardi matin par le département du Travail, avait semblé persuader les économistes que l'inflation est désormais durablement sur la bonne voie: le coût moyen d'un salarié, avec une hausse au quatrième trimestre moins forte que celles des trimestres précédents.
Ralentissement de la hausse des prix
La hausse des prix à la consommation est tombée en décembre à 5,0% sur un an contre 5,5% le mois précédent, selon l'indice PCE, privilégié par la Fed, qui veut la ramener autour de 2%.
Une autre mesure de l'inflation, l'indice CPI, sur laquelle sont indexées les retraites, a aussi montré un fort ralentissement en décembre, à 6,5% sur un an contre 7,1%.
Jeudi c'est la BCE qui se réunira. L'institution européenne a commencé plus tard que la Fed à relever ses taux, et devrait de nouveau les relever, et même laisser entrevoir d'autres hausses.