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A Fribourg, des conseils pour sortir de la spirale des dettes

L'endettement frappe également les jeunes. [Depositphotos - ginasanders]
Reportage à Fribourg sur les personnes surendettées et précarisées par l'inflation / La Matinale / 4 min. / le 13 février 2023
L'inflation aggrave la situation des personnes touchées par la précarité. Des associations comme Caritas les aident à s'en sortir ou à ne pas y plonger. Reportage à Fribourg.

Endettement, poursuites... L'inflation de cet hiver pourrait bien fragiliser encore davantage un équilibre précaire parmi les personnes les plus défavorisées. Certains offices des poursuites romands anticipent même une année 2023 record. Ainsi, les associations d'entraide appellent les personnes dans le besoin à demander de l'aide aussi rapidement que possible pour éviter que les dettes ne s'accumulent.

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A Fribourg, l'association Caritas assiste les personnes endettées pour les sortir d'une spirale négative. Une Suissesse s'est tournée vers elle pour se faire accompagner, il y a "bientôt une année". Mère de trois enfants et divorcée, avec un revenu modeste et un travail à 60%, elle avait du mal à subvenir à tous les besoins de sa famille et se sentait "submergée par les factures" qu'elle n'arrivait plus à payer, a-t-elle confié lundi dans La Matinale de la RTS. Désormais, elle rencontre l'assistante de Caritas une fois par mois pour "trouver des solutions ensemble et sortir des dettes" afin de réussir à vivre avec l'argent dont elle dispose.

"Je ne sais même pas comment je vais m'en sortir"

Cette bénéficiaire du soutien de Caritas est très inquiète, car sa voiture vient de tomber en panne, un imprévu qui lui pose des problèmes d'organisation. "Je ne sais même pas comment je vais m'en sortir. Sans voiture, je ne peux pas répondre à mes obligations: les activités des enfants et mon travail", explique-t-elle. Audrey Molliet, une assistante sociale en formation à qui elle a fait part de cette nouvelle situation, lui propose d'attendre que l'association effectue un diagnostic complet pour trouver la solution la plus adaptée.

La plus grosse difficulté financière à laquelle la mère qui a demandé de l'aide doit faire face? Les traitements dentaires de ses enfants. "Ce sont d'énormes factures qui ne rentrent pas dans mon budget", déplore-t-elle. "Je devais payer 2500 francs d'un coup. Mais c'est impossible, c'est l'équivalent de mon salaire!"

Un accompagnement personnalisé

Le personnel des associations d'aide comme Audrey Molliet accompagne ces personnes qui ne savent plus comment payer leurs factures. "Nous nous intéressons à la situation familiale, puis regardons s'ils ont des droits pour l'encaissement des pensions alimentaires par exemple et évaluons les droits à l'aide sociale", détaille-t-elle.

Pour sortir de cet inconfort financier, l'assistante sociale a conseillé à la Suissesse de réduire certaines dépenses. Elle a aussi remboursé un crédit, ce qui lui permet d'avoir "plus d'argent disponible tous les mois". Elle perçoit également une aide pour les courses alimentaires. "Ça fait beaucoup de bien au budget car je n'ai pas besoin de dépenser en plus dans la nourriture, sauf éventuellement dans les yogourts ou la viande." Un geste qui lui permet de grandes économies puisque les produits de première nécessité qu'elle reçoit une fois par semaine lui suffisent à tenir "deux à trois semaines".

Ne pas attendre pour appeler à l'aide

Les personnes en situation de surendettement ou de précarité ne se tournent pas toutes vers les associations pour se faire aider. "Beaucoup de gens ne demandent pas d'aide car ils considèrent que c'est une honte de partager leur vie à l'assistante. Mais moi, je ne le vois pas comme ça. Une personne qui demande de l'aide, c'est plutôt une personne qui est courageuse, une personne qui veut s'en sortir et qui mérite beaucoup de respect", estime la bénéficiaire interrogée.

Les associations recommandent d'ailleurs de ne pas attendre pour appeler à l'aide. Car souvent, "les personnes au pied du mur ne regardent pas aussi loin": elles restent bloquées par leurs problèmes actuels et leur plus gros défi est de parvenir à "vivre au jour le jour", explique la responsable de la gestion du désendettement chez Caritas, Joëlle Renevey.

"Une partie des personnes que nous voyons aujourd'hui ne se tournera vers nous qu'après avoir pris peur suite à la réception des décomptes d'électricité et à l'accumulation des factures, mais elle n'anticipera pas. L'autre partie tardera encore plus à réagir et viendra nous voir une fois en situation de dettes, dans probablement trois ou quatre ans", regrette Joëlle Renevey.

Reportage radio: mb
Adaptation web: Julie Marty

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