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La France va recycler ses excédents viticoles, la Suisse est mieux préparée

En Suisse, la production de vin est régulée par des quotas cantonaux. [Keystone - Théophile Bloudanis]
Le risque de surproduction de vin moins aigu en Suisse qu'en France / La Matinale / 1 min. / le 15 février 2023
L'Etat français va dépenser jusqu'à 160 millions de francs pour transformer les excédents viticoles et enrayer la baisse des prix. La Suisse n'est pas à l'abri d'une surproduction, mais la régulation du marché diminue le risque.

En France, deuxième pays producteur de vin dans le monde derrière l'Italie, les viticulteurs appellent l'Etat à l'aide pour transformer le vin excédentaire en alcool pour l'industrie, la pharmacie ou les cosmétiques. Car les chais sont pleins après la dernière vendange et les vignerons se demandent comment stocker la prochaine récolte.

Cette situation est liée au fait que les Français boivent de moins en moins de vin: en 70 ans, leur consommation est passée de 130 litres par an à 40 litres aujourd'hui. Les vins rouges sont particulièrement concernés, avec -15% de ventes dans les supermarchés français en 2022.

Appel aussi à arracher des vignes

Les viticulteurs demandent aussi des aides pour arracher les vignes excédentaires afin de "redimensionner le vignoble aux attentes actuelles du marché", a indiqué l'Association générale de la production viticole (AGPV), qui regroupe la totalité des terroirs viticoles et du secteur de la vigne en France.

Le ministère français de l'Agriculture s'est dit prêt à mobiliser "un maximum de 160 millions d'euros en 2023" afin de financer une campagne de distillation. Des viticulteurs réclament aussi de l'argent pour financer une campagne d'arrachage de vignes, notamment dans le Bordelais, afin de redimensionner les domaines.

La Suisse au bénéfice d'une régulation

La Suisse, elle, n'est pas complètement à l'abri de ce genre de gâchis. Il y a du reste des précédents: du vin AOC a été déclassé en vin de table en 2020, alors que les cuves débordaient.

Mais le risque de surproduction est moins aigu qu'en France. C'est notamment dû au fait que le vin suisse ne dépend pas des fluctuations sur les marchés étrangers. Seul 1% de la production est exporté.

Un autre facteur de protection est la régulation de la production. Les cantons déterminent des quotas en fonction de la demande et des stocks disponibles. A l'origine, cet outil avait été imaginé pour garantir la qualité du vin et il a tout de même ses limites pour réguler la production.

"Comme on produit une fois par année, lorsque vous définissez un quota de production votre cave est remplie. Vous ne pouvez pas ouvrir ou fermer le robinet", a expliqué Nicolas Joss, directeur de Swiss Wine Promotion, mercredi dans La Matinale de la RTS. "On dépend de la nature, à l'inverse des producteurs de bière qui peuvent réguler le volume disponible puisqu'ils produisent toute l'année".

Projet de réserve climatique discuté

Une autre mesure est sur la table à Berne pour mieux réguler l'offre de vin: une réserve climatique. Il s'agirait d'un stock de bouteilles pouvant être libéré les années où les vendanges sont maigres. Cette solution permettrait de lisser la quantité de vin disponible.

Pour Alexandre Modoux, responsable de l'Observatoire suisse du marché des vins, "cela permettrait de produire un petit peu plus, mais toujours à l'intérieur d'un quota cantonal, et ensuite de différer sa commercialisation selon l'évolution du marché".

>> L'interview d'Alexandre Mondoux :

Alexandre Mondoux, responsable de l'Observatoire suisse du marché des vins.
Projet de réserve climatique viticole: interview d'Alexandre Mondoux / La Matinale / 47 sec. / le 15 février 2023

En Suisse, seul le tiers du vin consommé est indigène, le reste étant importé. La saturation ou non du marché dépend donc aussi de la quantité de vin qui vient de l'étranger.

oang avec Cléa Favre et afp

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