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La baisse des prix du transport aura peu d'effet sur le coût des produits

Des conteneurs sont transportés dans le port de Rotterdam, aux Pays-Bas, mercredi 23 mars 2022. [AP Photo/KEYSTONE - Peter Dejong]
Le transport de marchandises dégringole, et le prix de nos produits? / Tout un monde / 5 min. / le 20 février 2023
Après avoir atteint des sommets, les prix des transports internationaux de marchandises ont chuté de 85% en un an. Cette baisse ne se répercutera pourtant que très peu sur les coûts des produits, estiment des spécialistes, en raison notamment des prix de stockage.

Dans les grands ports occidentaux et d'ailleurs, les conteneurs vides s'empilent le long des quais. La situation actuelle ne ressemble plus en rien au surmenage post-Covid, lorsque la demande avait explosé et que le transport maritime tournait à plein régime.

En un an, le transport international de marchandises a dégringolé de 85% en raison notamment de l'inflation, d'une baisse de la demande et d'un ralentissement du commerce mondial.

Le marché des transports a toujours été cyclique, mais il connaît dernièrement de fortes variations. "Le prix moyen du conteneur sur dix ans est passé de 1600 dollars à plus de 10'000 dollars en 2022, avant de retomber actuellement à environ 2000 dollars", a noté dans l'émission Tout un monde Stéphane Graber, directeur général de la Fédération internationale des associations de transitaires et associés (FIATA).

Des stocks difficiles à écouler

La hausse des prix des transports a d'abord été vertigineuse, causée par l'engorgement des ports et une difficulté de circulation des navires. La chute qui a suivi n'en a été que plus brutale. La stagnation, voire la récession de l'économie mondiale explique en partie la diminution des échanges internationaux et de la demande pour les conteneurs, commente Philippe Chalmin, spécialiste des matières premières, qui souligne aussi que la réouverture progressive des ports chinois courant 2022 a accéléré la chute des prix.

Le prix moyen du conteneur sur dix ans est passé de 1600 dollars à plus de 10'000 dollars en 2022, avant de retomber à environ 2000 dollars

Stéphane Graber, directeur général de la FIATA

Ceux-ci pourraient d'ailleurs continuer à baisser jusqu'à un taux plancher naturel, les opérateurs se refusant à faire circuler des bateaux à perte.

Selon Stéphane Graber, les compagnies de transport n'ont pas réussi à mieux anticiper cette situation, car la demande a été frénétique. En début d'année dernière, tous les commerces ont voulu s'assurer d'un stock suffisant de marchandises pour leurs ventes de Noël, qui se sont finalement avérées moins bonnes que prévues.

"Aujourd'hui, les compagnies maritimes essaient de réduire les capacités, notamment en supprimant des voyages ou en ralentissant les bateaux pour tenter de rallonger les trajets", rapporte le directeur de la FIATA. Mais cela ne suffit pas à vider les entrepôts.

Faible influence sur le prix des biens

Un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), publié fin novembre 2022, montre que les prix des céréales et les coûts du transport maritime ont contribué à faire augmenter l'inflation de près de 1,5%, ce qui pourrait laisser croire que la diminution des prix de transport entraînerait une baisse des prix des marchandises.

Or, cet effet de cascade ne fonctionne pas forcément, indique Stéphane Graber, car certains acteurs sont bloqués par des contrats à prix élevé et parce que les coûts des stocks de marchandises sont eux aussi élevés. "La compensation de la baisse des prix des carburants et des transports est ainsi absorbée par les prix de stockage", résume-t-il.

La compensation de la baisse des prix des carburants et des transports est absorbée par les prix de stockage

Stéphane Graber, directeur général de la FIATA

Philippe Chalmin, plus optimiste, estime quant à lui qu'il y aura un "petit effet positif" sur le prix des biens.

La décarbonisation, un possible coût futur

A long terme, les prix des transports devraient à nouveau augmenter en raison de la décarbonisation du transport maritime, selon Stéphane Graber. "Ce coût va devoir être absorbé par le marché et ce sont les consommateurs, les transitaires et les expéditeurs qui auront des prix plus élevés", précise-t-il.

Mais alors que 30% de la flotte mondiale devrait être renouvelée ces prochains mois, les cargos produits actuellement dans les chantiers navals ne sont pas plus écologiques que les précédents.

Il est en outre peu probable que les compagnies maritimes utilisent une partie des bénéfices réalisés ces deux dernières années pour investir dans la décarbonisation. Le congrès annuel de la FIATA doit réunir les principaux acteurs maritimes à Genève autour de ce sujet en mars prochain.

fa/iar

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