Modifié

Un an après le début de la guerre en Ukraine, l'inflation pèse toujours plus sur le caddie des Suisses

Un an après le début de la guerre en Ukraine, l’inflation pèse toujours plus sur le caddie des Suisses. [RTS]
Un an après le début de la guerre en Ukraine, l’inflation pèse toujours plus sur le caddie des Suisses / La Matinale / 1 min. / le 22 février 2023
Timide il y a encore quelques mois en regard de nos voisins européens, l’augmentation des prix touche désormais la quasi-totalité des rayons de la Coop et de la Migros. Laitages, huiles, farine, produits d’hygiène élémentaires ou encore fruits et légumes… La RTS fait le point sur les articles qui ont vu leurs prix s’envoler.

Un produit de luxe, le yogourt nature? Pas encore, mais il pourrait le devenir. Avec 12,5% d’augmentation depuis le mois de juin, ce grand classique des réfrigérateurs familiaux fait partie des articles qui ont subi une forte hausse de prix depuis juin 2022. Plus que le yoghourt nature, c'est toute la tribu des produits laitiers qui pèse désormais de tout son poids sur le portefeuille des ménages: +6% en moyenne pour le beurre, +7% pour le Gruyère AOP, +11,6% pour la mozzarella et jusqu’à 18% supplémentaires pour les seuls yogourts vanille.

"Les coûts de production ont explosé, ce qui s'explique en partie par la guerre en Ukraine, confirme Reto Burkhardt, responsable de la communication à la Fédération des producteurs suisses de lait. De plus, la quantité de lait disponible en Suisse est plutôt basse, ce qui a une influence sur les prix. Ajoutez à cela la marge que prennent les détaillants et, en bout de chaîne, c'est le consommateur qui paye ces hausses."

Pour mieux saisir l’ampleur de l'inflation qui sévit dans les rayons des supermarchés suisses, la cellule data de la RTS surveille depuis plusieurs mois les prix d’un panier type de près de 200 produits de consommation courante, disponibles chez Coop et Migros. Et le constat est sans appel: deux tiers des articles observés sont plus chers aujourd’hui. Des hausses allant de quelques centimes à plusieurs francs qui, mises bout à bout, commencent à gonfler sérieusement le montant indiqué sur le ticket de caisse.

"Nous recevons toujours plus de plaintes de consommateurs qui s'inquiètent car ces augmentations menacent directement leur équilibre budgétaire, alerte Jean Busché, responsable Economie à la Fédération romande des consommateurs. L'inflation en Suisse est certes moins importante que dans le reste de l'Europe, mais elle concerne des biens dont on peut difficilement se passer, comme les produits laitiers, les fruits et légumes ou encore les produits d'hygiène. Pour le quintile des ménages qui gagnent le moins, ces dépenses sont plus élevées car incompressibles."

Effectivement, le fromage et les yoghourts ne sont pas les seuls à voir leurs prix flamber. L'huile de tournesol par exemple a subi des augmentations allant de 11 à 18% selon les marques. Idem pour l'huile d’olive: entre 3 et 10% de hausse en moyenne. Des produits de base comme la farine (+3,4%), le sucre de canne (+16,2%) et le sucre blanc (+30%) sont également touchés. Certaines flambées peuvent sembler anecdotiques mais illustrent l'ampleur du phénomène: le lot de 6 bouteilles de Coca-Cola s'écoule désormais 9% plus cher qu'il y a quelques mois. Autre victime: la bière, qui a vu son prix gonfler jusqu’à 7,5%.

Une situation qui ne devrait pas s’améliorer dans l'immédiat: "La situation économique des brasseries reste tendue en Suisse, explique Christoph Lienert, directeur adjoint de l'Association suisse des brasseries. Le processus de fabrication est intensif en énergie […]. Même si les brasseries poursuivent toutes les mesures d'économie et d'optimisation d'énergie possibles, la hausse et l'extrême volatilité des prix de l'énergie se répercutent sur la rentabilité. La situation de pénurie sur les marchés des matières premières, des emballages et des récipients, associée à des délais de livraison imprévisibles, préoccupent également beaucoup les brasseries locales."

Côté fruits et légumes, le bio souffre davantage. Le kilo de courgettes a par exemple augmenté de 2,5 francs et les aubergines de près de 34%, passant de 4,4 francs le kilo à 6 francs aujourd’hui. Les haricots verts surgelés voient quant à eux leur prix bondir de 10%.

"Le bio se transforme en produit de luxe avec l'inflation et devient plus difficile d'accès, déplore encore Jean Busché. Le risque, c'est que les gens les moins aisés se tournent vers des denrées de qualité moindre, ce qui va à l'encontre des valeurs défendues par la FRC. Garantir l'accès à une alimentation saine et durable doit rester l'affaire de tous. Plus globalement, il n'y a aucune transparence sur les prix: on ne connaît pas la marge que les détaillants s’octroient sur l'alimentaire et les produits de première nécessité, ce qui devient particulièrement problématique alors qu'une partie des Suisses se serre la ceinture."

Car c'est aussi dans les rayons hygiène et cosmétiques que l'inflation fait le plus mal. Certains paquets de rouleaux de papier toilette coûtent 4 francs de plus qu'il y a quelques mois, et les serviettes hygiéniques Always ont augmenté de 75 centimes. Même combat pour le dentifrice, le gel douche, ou encore les préservatifs, dont certaines gammes ont augmenté de près de 20%. Nous avons contacté certains fabricants pour obtenir des éléments d'explication mais nous n'avons, pour le moment, pas obtenu de réponse.

Pouvoir d’achat: comparez votre ticket de caisse à celui des mois précédents

Cécile Denayrouse

Publié Modifié