Dès 2025, les voitures de tourisme électriques et les hybrides plug-in devraient représenter la moitié des unités nouvellement immatriculées, prédit la faîtière de la branche automobile, rappelant que l'année dernière, plus d'un quart (25,9%) des véhicules neufs étaient rechargeables sur le réseau électrique.
Les utilitaires et les poids lourds devraient suivre à l'horizon 2030. Mais "ce développement ne sera possible que si l'on crée des conditions-cadres favorables à la mobilité électrique et si les mesures de soutien ne sont pas supprimées prématurément", a prévenu auto-suisse dans le cadre de sa conférence de presse annuelle.
En 2022, la Suisse pointait au 9e rang du classement européen en part de véhicules électriques, derrière les pays scandinaves, les Pays-Bas ou encore l'Allemagne, alors même que les ménages helvétiques occupent la 2e position en termes de pouvoir d'achat, signale l'association.
Encouragement souhaité
Pour son vice-président Marcel Guerry, également directeur du groupe Emil Frey en Suisse, l'absence de conditions-cadres et de mesures incitatives à l'échelle nationale risque de freiner l'électrification du parc automobile helvétique.
"La Suisse ne connaît guère de mesures d'encouragement nationales telles que les primes à l'achat accordées dans beaucoup de nos pays voisins", déplore le responsable. Et de fustiger la volonté du Conseil fédéral de supprimer l'exonération de l'impôt automobile pour les véhicules électriques à partir de 2024, ce qui ferait grimper les prix.
Une telle décision n'aura qu'un impact "minime" sur les finances fédérales - devisé à environ 200 millions de francs par année - alors qu'elle menace de saper la demande pour les véhicules électriques, contrecarrant la feuille de route adoptée par le gouvernement en matière d'e-mobilité, a prévenu Marcel Guerry en conférence de presse.
La faîtière des importateurs appelle par ailleurs le monde politique à "s'occuper d'un approvisionnement en électricité fiable, de prix de l'énergie attractifs et d'un développement rapide de l'infrastructure de recharge".
Pas assez de bornes de recharge
Fin 2022, la Suisse comptait 9152 points de recharge accessible au public pour près de 175'000 véhicules en circulation, soit un rapport de 1:19 (1:17 en 2021 et 1:12 en 2020), alors que l'objectif de la Confédération a été fixé à 1:10. "Avec le parc électrique actuel, il en faudrait déjà 20'000 et 40'000 d'ici 2025 d'après nos projections", a confié Marcel Guerry à l'agence AWP.
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A cela s'ajoute la grande inconnue des points de recharge privés, pour laquelle il n'existe pour l'heure aucune statistique, regrette le vice-président d'auto-suisse. Si la plupart des nouveaux bâtiments prévoient l'installation de bornes, leur mise en place reste difficile notamment dans les propriétés par étage (PPE) où elles font souvent l'objet d'oppositions.
La branche automobile est toujours loin d'avoir renoué avec son niveau pré-pandémique, avec 226'000 nouvelles immatriculations en 2022, contre plus de 311'000 en 2019, soit un différentiel de 27,5%. Les deux premiers mois de 2023 affichent une reprise (+3,5%), alors que la part de propulsions alternatives est passée à 53,1%, contre 48,3% un an plus tôt.
ats/juma