La "Federal Deposit Insurance Corporation" (FDIC) prévoit de rouvrir lundi les 17 agences de la banque Silicon Valley Bank (SVB), basée en Californie et dans le Massachusetts.
Elle compte autoriser à court terme les clientes et les clients à retirer jusqu'à 250'000 dollars, soit le montant habituellement garanti par la FDIC. Ceux ayant davantage sur leurs comptes bancaires, soit la grande majorité des clients de la banque, sont invités à contacter l'agence.
C'est le bureau californien de la protection financière et de l'innovation (DFPI) qui a officiellement pris possession de l'établissement, invoquant "son manque de liquidités et son insolvabilité". Il en a confié la gestion à la FDIC, qui a créé à cet effet une entité spécifique qui s'occupera de gérer notamment les actifs de la banque, les retraits et les prêts en cours.
Spécialisée dans la tech
Fin 2022, la banque comptait 209 milliards de dollars d'actifs et environ 175,4 milliards de dépôts, précisent les autorités. Peu connue du grand public, elle était tout de même la 16e banque américaine par la taille des actifs.
Basée à Santa Clara en Californie, la SVB s'était spécialisée dans le secteur technologique, faisant principalement affaire avec des clients bénéficiant des fonds de sociétés de capital-risque ou de capital-investissement. Ces derniers faisant face à leurs propres difficultés entre la hausse des taux d'intérêt et les remous dans la tech, ils ont, ces derniers mois, retiré beaucoup d'argent de leurs comptes.
Pour avoir suffisamment de liquidités, la Silicon Valley Bank avait annoncé mercredi soir qu'elle cherchait à lever rapidement du capital. Dans la foulée, elle a perdu 60% à la Bourse de New York jeudi et son titre a été suspendu vendredi avant le début de la séance.
Risque de contagion limité
La faillite en deux jours de la SVB, une banque considérée comme solide, a fait clignoter quelques signaux d'alarme pour le secteur bancaire. Mais les risques d'une contagion généralisée restent encore limités, selon plusieurs analystes.
Les problèmes rencontrés par la banque "sont très spécifiques" et ne sont pas de nature "à affecter l'ensemble du secteur bancaire, encore moins les grandes banques", a avancé un analyste du cabinet CFRA. Les obligations accrues imposées par les régulateurs après la crise financière de 2008 ont joué leur rôle, avance-t-il. Même son de cloche chez les analystes de Morgan Stanley qui, dans une note, insistent: "Nous voulons être très clairs [...] Nous ne pensons pas que le secteur bancaire soit confronté à une pénurie de liquidités".
La secrétaire américaine au trésor Janet Yellen a elle estimé vendredi que le secteur bancaire restait "résilient". Elle dit aussi avoir rencontré les responsables de la banque centrale américaine (Fed), de l'agence américaine chargée de garantir les dépôts (FDIC) et d'un autre régulateur du secteur, l'"Office of the Comptroller of the Currency" (OCC) pour "discuter des développements autour de la Silicon Valley Bank".
Janet Yellen a exprimé "sa pleine confiance" dans les régulateurs bancaires pour prendre les mesures appropriées et a noté que "le système bancaire reste résilient et que les régulateurs disposent d'outils efficaces pour faire face à ce type d'événement". Une des conseillères économiques de la Maison-Blanche, Cecilia Rouse, a pour sa part souligné que le secteur était "fondamentalement différent de ce qu'il était il y a dix ans".
afp/iar/vic
La cryptomonnaie USDC prise dans la faillite de la SVB
La cryptomonnaie USDC, dite "stable" car théoriquement indexée sur le dollar, était chahutée dans la nuit de vendredi à samedi après que son créateur, Circle, a annoncé avoir laissé 3,3 milliards de dollars dans les caisses de la Silicon Valley Bank, n'étant pas parvenu à retirer l'ensemble de ses dépôts.
Selon un document publié vendredi par le département californien de protection des consommateurs de service (DFPI), les ordres de retrait adressés à SVB ont atteint 42 milliards de dollars sur la seule journée de jeudi. Tous n'ont pu être honorés, la banque arrivant à court de liquidités.
La FIDC ne garantit les dépôts qu'à hauteur de 250'000 dollars par client et par banque; elle a indiqué vendredi qu'elle délivrerait un certificat aux déposants de SVB dont les avoirs dépassent ce montant. Le remboursement de tout ou partie des dépôts au-delà de cette limite dépendra de la liquidation des actifs de la banque, a-t-elle précisé, un processus souvent long et aux résultats incertains.
Quatrième cryptomonnaie au monde
Lancé en 2018, l'USD Coin ou USDC est une "stablecoin", c'est-à-dire une devise numérique indexée sur une monnaie créée par une banque centrale. Il s'agit de la deuxième monnaie numérique dite "stable" par le volume en circulation (environ 40 milliards de dollars), derrière le Tether, et la quatrième cryptomonnaie au monde, selon le même critère. Les stablecoins sont censés être adossés à des réserves équivalentes en actifs immédiatement mobilisables, du numéraire pour l'essentiel ou des titres financiers faciles à vendre.
Dans la nuit de vendredi à samedi, la valeur de l'USDC est tombée au plus bas niveau depuis sa création, autour de 94 cents, alors qu'elle est censée rester arrimée à la parité avec le dollar.
Echange suspendu
La plateforme d'échanges de cryptomonnaies Coinbase a annoncé la suspension de la conversion d'USDC en dollars jusqu'à lundi du fait de l'activité exceptionnelle sur cet actif. Plus de 16 milliards de dollars d'USDC ont été échangés sur les dernières 24 heures, un volume colossal par rapport aux montants détenus dans cette devise.
La bourrasque a également soufflé sur d'autres stablecoins. Le Dai, quatrième devise "stable" par le volume en circulation, a également décroché à 94 cents, tandis que le Frax (6e) s'affaissait à 93 cents, au plus bas de son histoire.