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L'action Credit Suisse a perdu mercredi près de 25% de sa valeur

L’action Credit Suisse dégringole en bourse et s’installe sous les 2 francs à son plus bas niveau historique. Explications
L’action Credit Suisse dégringole en bourse et s’installe sous les 2 francs à son plus bas niveau historique. Explications / 19h30 / 2 min. / le 15 mars 2023
L'action Credit Suisse a lourdement chuté mercredi, s'installant sous la marque des deux francs, à un nouveau plus bas historique. Le principal actionnaire du groupe bancaire zurichois a encore jeté de l'huile sur le feu en excluant tout nouveau soutien financier.

A la clôture de la Bourse suisse, le titre du numéro deux bancaire helvétique s'enfonçait de 24,2% à 1,697 franc, se rattrapant quelque peu après un nouveau plus bas historique à 1,55 franc et dans un important volume de 497,3 millions d'actions échangées. Depuis le début de l'année, la nominative a perdu 38,4%.

La capitalisation boursière continuait aussi à s'effondrer à 6,8 milliards de francs, à comparer aux 59 milliards du rival UBS ou aux 11,3 milliards de Julius Bär.

"Perte de confiance"

Pour Jean-Paul Jeckelman, directeur chez la banque Bonhôte, l'actuelle dégringolade boursière découle d'un un mouvement de perte de confiance envers les valeurs financières. "Cette chute de confiance s'inscrit particulièrement dans les sociétés les plus faibles comme c'est le cas en Suisse avec Credit Suisse. Ces sociétés sont chahutées suite à la faillite de la Sillicon Valley Bank (SLB) qui a eu lieu la semaine passée", a-t-il expliqué mercredi dans Forum.

Pour Jean-Paul Jeckelman, on ne peut toutefois pas encore parler de risque de faillite mais plutôt d'une potentielle crise de liquidités. "A ce stade on n'a pas d'éléments qui nous disent que Credit Suisse n'est pas solvable. Il y a une crise de confiance. Si tous les clients vont vider leurs comptes courant, Credit Suisse pourrait subir une crise de liquidités, ce qui n'est pas totalement une banqueroute".

Il appelle également les clients de la banque à ne pas paniquer. "Pour la majorités des clients de Credit Suisse, les avoirs sont garantis jusqu'à concurrence de 100'000 francs par personne. Cela grâce à la garantie des dépôts. Les titres ne sont pas non plus impactés".

>> L'interview de Jean-Paul Jeckelman dans Forum :

L'action de Crédit Suisse chute en bourse: interview de Jean-Paul Jeckelman
L'action de Credit Suisse chute en bourse: interview de Jean-Paul Jeckelman / Forum / 6 min. / le 15 mars 2023

Aversion au risque généralisée

Cette chute s'inscrit dans le contexte d'un mouvement généralisé d'aversion aux risques touchant les titres bancaires, écrivent les analystes de Capital Economics dans un commentaire. "Alors que les marchés financiers semblaient s'être apaisés après la saga (de la banque californienne en faillite) SVB, le mouvement de vente de titres bancaires en Europe a repris ce matin en raison de craintes sur la solidité de Credit Suisse", ont-ils souligné.

>> Lire à ce sujet : Les Bourses s'apaisent malgré des tensions dans le secteur bancaire

En France, la Première ministre Elisabeth Borne a demandé aux autorités suisses de régler les problèmes de l'établissement de la Paradeplatz. "Ce sujet est du ressort des autorités suisses. Il doit être réglé par elles", a-t-elle affirmé devant le Sénat.

La Banque nationale suisse (BNS) et le régulateur financier Finma se sont finalement exprimés mercredi soir. Ils assurent que Credit Suisse satisfait aux exigences en matière de capitalisation et de liquidités. L'institut d'émission mettra "en cas de besoin" des liquidités à disposition du groupe.

La Finma et la BNS suivent par ailleurs "de très près les évolutions et sont aussi dans ce contexte en contact étroit avec le Département fédéral des finances afin d'assurer la stabilité financière".

>> Lire à ce sujet : Les déboires de Credit Suisse suscitent l'inquiétude, mais la BNS calme le jeu

Pas d'aide gouvernementale souhaitée

Auparavant, lors d'une conférence pour le secteur bancaire en Arabie saoudite, le président de Credit Suisse Axel Lehmann a assuré que la banque n'a pas besoin d'aide gouvernementale.

Ca n'est "pas un sujet", a-t-il déclaré, soulignant que la banque s'appuie sur de "solides ratios financiers", sans toutefois parvenir à rassurer les marchés.

Série de mauvaises nouvelles

Reste que cette nouvelle chute intervient après une série de mauvaises nouvelles pour le secteur bancaire en général et pour Credit Suisse en particulier depuis lundi. Le principal actionnaire de Credit Suisse, le saoudien Saudi National Bank (SNB), a ainsi exclu mercredi un nouveau soutien à la banque zurichoise en difficulté.

Credit Suisse avait annoncé en octobre dernier un vaste plan de restructuration, comprenant notamment une augmentation de capital de 4 milliards de francs. SNB s'était alors engagée à hauteur de 1,5 milliard, raflant 9,9% du capital-actions de la banque avec cette opération.

>> Lire : Credit Suisse fixe les conditions de son augmentation de capital

Mardi, Credit Suisse avait reconnu dans son rapport annuel continuer à lutter contre les sorties de liquidités, qui ont ralenti mais sans que la tendance s'inverse. "Ces reflux se sont stabilisés à des niveaux bien moindres, mais n'ont pas encore inversé la tendance à la date de publication du rapport", avait précisé l'établissement dans le document. Le groupe zurichois avait subi l'année dernière des retraits massifs de liquidités de 123,2 milliards de francs, dont 110,5 milliards au seul quatrième trimestre.

Début février, Credit Suisse avait dévoilé une perte nette de 7,3 milliards de francs suisses pour l'exercice 2022 et prévenu s'attendre encore à une perte avant impôts "substantielle" en 2023.

Le titre a perdu plus de 80% de sa valeur depuis la faillite de la société financière britannique Greensill, qui avait marqué le début d'une série de scandales qui ont fragilisé la banque.

>> Lire à ce sujet : La FINMA fustige Credit Suisse dans l'affaire Greensill

La banque a depuis continué d'accumuler les revers. Mardi, le titre a déjà été secoué en Bourse alors que la banque a reconnu des "faiblesses substantielles" concernant ses contrôles internes pour ses rapports financiers.

agences/lan/ther/hkr

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La Bourse suisse en recul

La Bourse suisse a fortement reculé mercredi. Après avoir inscrit un plus bas du jour sous les 10'500 points sur le coup de midi, le SMI s'est mis à évoluer autour de ce niveau pour terminer au-dessus.

Le SMI a terminé en recul de 1,87% à 10'516,40 points, avec un plus bas à 10'460,34 points et un plus haut à 10'720,78 points à l'ouverture.

Lanterne rouge incontestée, Credit Suisse a chuté de 24,24% à 1,697 franc (plus bas historique en clôture), avec un nouveau plus bas historique en séance à 1,55 franc. Temenos (-10,7%), UBS (-8,7%) et Julius Bär (-7,0%) complètent le quatuor des plus gros perdants.

Le Dow Jones rassuré

La Bourse de New York a terminé sur une note contrastée mercredi, limitant la casse après avoir vu un signe positif dans l'intervention des autorités suisses pour contenir la chute de Credit Suisse, dernier établissement chahuté par le séisme qui agite le secteur bancaire.

Le Dow Jones a reculé de 0,87%, l'indice Nasdaq a gagné 0,05% et l'indice élargi S&P 500 a cédé 0,69%.

Sur le fil, l'indice Nasdaq parvenait même à finir dans le vert, tiré par les capitalisations géantes comme Alphabet (+2,44%), Microsoft (+1,78%) et Meta (+1,92%).

Le Dow Jones, lui, restait lesté par les valeurs bancaires Goldman Sachs (-3,09%) et JPMorgan Chase (-4,72%).