Dans la nuit de mercredi à jeudi, Credit Suisse a annoncé qu'il allait emprunter jusqu'à 50 milliards de francs à la Banque nationale suisse (BNS). Le but est de "renforcer" le groupe, dont le titre s'est effondré en Bourse.
La banque a, parallèlement, annoncé une série d'opérations de rachat de dette pour environ 3 milliards de francs suisses. "Ces mesures constituent une action décisive pour renforcer Credit Suisse alors que nous poursuivons notre transformation stratégique afin d'apporter de la valeur à nos clients et aux autres parties prenantes", a déclaré le directeur général du groupe bancaire zurichois Ulrich Körner, cité dans un communiqué.
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Cette annonce intervient après que la BNS a annoncé mercredi qu'elle mettra des liquidités à disposition de Credit Suisse en cas de besoin. Ce même jour, le titre du numéro deux bancaire suisse a chuté de 24,24% à la clôture.
"Le Credit Suisse satisfait aux exigences en matière de capital et de liquidités imposées aux banques d'importance systémique. En cas de besoin, la BNS mettra des liquidités à la disposition du Credit Suisse", avaient déclaré la BNS et la Finma dans un communiqué commun diffusé en début de soirée.
Inquiétudes mondiales
Plus tôt dans la journée, les deux plus hauts dirigeants du numéro deux bancaire suisse avaient déjà tenté de rassurer sur la solidité financière du géant bancaire mais sans réussir à convaincre les investisseurs qui ont infligé à l'action de la banque la pire chute de son histoire.
Perçue comme le maillon faible, l'établissement a vu le cours de son action perdre jusqu'à 30% pour toucher un nouveau plancher historique à 1,55 franc malgré l'intervention de son président, Axel Lehmann et de son directeur général Ulrich Körner pour essayer de redresser la barre. Pour la BNS et la Finma, "les turbulences actuelles sur le marché bancaire américain ne suggèrent pas qu'il existe un risque de contagion directe pour les établissements suisses".
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Too big to fail
L'inquiétude dépasse les frontières du pays et le Trésor américain a dit "surveiller la situation et être en contact avec ses homologues internationaux". La Première ministre française Elisabeth Borne avait demandé mercredi aux autorités suisses de régler les problèmes de l'établissement de la Paradeplatz.
Les investisseurs restaient jeudi matin inquiets, les Bourses asiatiques ouvrant en forte baisse dans le sillage du dévissage la veille des places européennes - Paris perdant mercredi soir 3,58% et Londres 3,83%, signant leur pire séance depuis mars 2022.
La chute vertigineuse du titre a commencé après des déclarations du président de la Banque nationale saoudienne, première actionnaire de Credit Suisse. Les Saoudiens ont volé au secours de la banque en entrant à son capital en novembre. Mais la Saudi National Bank ne compte "absolument pas" injecter davantage d'argent, principalement pour des raisons réglementaires, a expliqué Ammar al-Khudairy, son président.
Programme de restructuration
A la différence de la banque californienne en faillite SVB, Credit Suisse fait partie des 30 banques mondiales considérées comme trop grosses pour qu'on les laisse faire faillite, ce qui lui impose une réglementation plus stricte pour pouvoir tenir le choc en cas de difficulté.
Credit Suisse a lancé en octobre un programme de restructuration pour tenter de se redresser. Mais certains actionnaires ont fini par jeter l'éponge. Début février, Credit Suisse avait dévoilé une perte nette de 7,3 milliards de francs pour l'exercice 2022 et avait prévenu s'attendre encore à une perte avant impôts "substantielle" en 2023.
Fondé en 1856, Credit Suisse est un pilier de la place financière helvétique mais il est dans la tourmente depuis la faillite de la société financière britannique Greensill qui avait marqué le début d'une série de scandales ayant fragilisé la banque. Depuis mars 2021, l'action a perdu plus de 83% de sa valeur.
ats/br/nr
Jérôme Schupp: "Il n'y a pas de craintes à laisser son argent au Credit Suisse"
Interrogé jeudi dans La Matinale de la RTS, Jérôme Schupp, analyste financier chez Prime Partners à Genève, salue une réaction "forte" de la Banque nationale suisse (BNS) et de Credit Suisse.
"Il fallait rassurer les investisseurs et les marchés financiers inquiets depuis le problème de liquidités de banques américaines, qui a indirectement touché les banques en Europe, en particulier Credit Suisse."
Jérôme Schupp espère que cela sera suffisant, tout en expliquant que Credit Suisse n'a pas besoin de l'argent de la BNS. "Ses liquidités sont très bonnes. Il s'agit vraiment de rassurer les marchés. Et la banque va profiter pour acheter de la dette qui lui coûtait cher."
Et d'ajouter: "Actuellement, il n'y a pas de craintes à laisser son argent au Credit Suisse, notamment avec les mesures prises."