Les taux d'intérêt de la BCE se situent désormais dans une fourchette comprise entre 3% et 3,75%, alors que les secousses boursières qui affectent le secteur bancaire depuis plusieurs jours auraient pu l'inciter à modérer son tour de vis. "Le secteur bancaire de la zone euro est résilient et dispose de positions de capital et de liquidités solides", assure la BCE.
Les gardiens de l'euro sont toutefois prudents sur la suite du resserrement monétaire et ont renoncé à leur engagement de relever encore "sensiblement" les taux dans les mois à venir. "Nous surveillons de près les tensions actuelles sur les marchés et restons prêts à réagir si nécessaire pour préserver la stabilité des prix et la stabilité financière dans la zone euro", a martelé la présidente de la BCE à l'issue de la réunion.
Christine Lagarde a assuré que le secteur bancaire était actuellement "dans une position beaucoup plus solide qu'en 2008", lors de la crise financière qui avait déstabilisé l'économie mondiale.
Un contexte inimaginable il y a peu
La BCE a tenu sa réunion de politique monétaire dans un contexte qu'elle n'avait pas imaginé et est mise au défi de lutter contre l'inflation persistante sans déstabiliser davantage les marchés financiers.
Elle est la première grande banque centrale à rendre une décision monétaire depuis la faillite de la SVB et de deux autres banques régionales américaines, qui ont ravivé le spectre de la crise financière de 2008. Et les inquiétudes autour de Credit Suisse auraient pu rebattre totalement les cartes pour l'institution de Francfort, engagée depuis l'été dernier dans un tour de vis monétaire sans précédent. Mais il n'en a rien été (voir encadré).
>> Lire : L'action Credit Suisse en forte hausse, après le soutien de 50 milliards de la BNS
Répit sur le front de l'inflation
L'inflation en zone euro a reculé en février pour le quatrième mois d'affilée, à 8,5% en glissement annuel, mais l'inflation dite "sous-jacente", hors énergie et alimentation, a grimpé au niveau record de 5,6%.
Et dans ses nouvelles prévisions publiées jeudi, la BCE estime que la zone euro devrait connaître une inflation moins élevée et une croissance plus forte que prévu initialement en 2023, sur fond d'accalmie des prix de l'énergie et de "meilleure résistance de l'économie".
Dans ce contexte, Christine Lagarde a appelé les gouvernements de la zone euro à commencer "rapidement" à réduire les soutiens budgétaires aux ménages et aux entreprises. "Il est important de commencer rapidement à réduire ces mesures de manière concertée", alors que "les prix de l'énergie baissent", afin d'éviter "d'augmenter les pressions inflationnistes à moyen terme" a-t-elle déclaré.
afp/oang
Le soutien de la BNS à Credit Suisse déterminant?
Selon Reuters, les responsables de la Banque centrale européenne ne se sont mis d'accord sur une nouvelle forte hausse des taux d'intérêt qu'après l'obtention par Credit Suisse d'un soutien financier de la BNS et la stabilisation des marchés financiers qui en a découlé.
Trois sources proches du Conseil des gouverneurs ont déclaré à l'agence que la chute soudaine du cours de Credit Suisse mercredi, et par ricochet des banques de la zone euro, avait ébranlé la stratégie de la BCE.
Un porte-parole de la BCE s'est refusé à tout commentaire.