Les Bourses européennes ont terminé en net repli vendredi une semaine éprouvante, les craintes se concentrant une fois de plus sur le secteur bancaire malgré les différentes tentatives pour rassurer les investisseurs.
Milan a reculé de 1,64%, Paris de 1,43%, Francfort de 1,33%, Londres de 1,01%, toutes ces places financières perdant plus de 4% sur la semaine. Le secteur bancaire a été une fois de plus fortement touché, notamment Credit Suisse qui a perdu un quart de sa valeur boursière en une semaine.
L'action Credit Suisse a replongé, clôturant en baisse de 8,01% à 1,86 franc (plus bas du jour à 1,767 franc), alors que les doutes des investisseurs persistent malgré la bouée de sauvetage que lui a lancé la Banque nationale suisse. A la Bourse suisse, le SMI a terminé en recul de 0,98% à 10'63,65 points.
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Le titre de Credit Suisse avait perdu jusqu'à 30% durant la séance de mercredi, poussant la Banque nationale suisse à venir à la rescousse en mettant à disposition du numéro deux bancaire helvétique jusqu'à 50 milliards de francs de liquidités.
Cette bouée de sauvetage fait resurgir les questions autour d'une faillite ordonnée, dans laquelle le régulateur prendrait le contrôle de la banque et se chargerait de la démanteler.
Parmi les pistes envisagées, les analystes de J.P Morgan évoquent un rachat par une autre banque, "avec UBS comme option potentielle".
A Wall Street, le Dow Jones s'est contracté de 1,19%, l'indice Nasdaq a perdu 0,74% et l'indice élargi S&P 500 a reculé de 1,10%.
First Republic Bank a plongé de 32,8 % après que la banque a annoncé qu'elle suspendait son dividende jeudi.
Une aide américaine qui ne rassure pas
Loin de rassurer, l'aide de 30 milliards de dollars apportée par les grandes banques américaines à la banque régionale First Republic Bank, victime d'une crise de confiance des investisseurs et clients, a ravivé vendredi la panique sur les marchés.
Les investisseurs redoutent désormais une crise profonde de liquidités des banques régionales américaines et l'impact d'une insolvabilité de Credit Suisse, alors que les banques américaines ont sollicité au total auprès de la Réserve fédérale américaine (Fed) 153 milliards de dollars de liquidités d'urgence ces derniers jours, un montant supérieur à celui débloqué au plus fort de la crise financière de 2008.
Perte de confiance
Cela reflète "les tensions de financement et de liquidités sur les banques, dues à l'affaiblissement de la confiance des déposants", a commenté l'agence de notation Moody's, qui a abaissé cette semaine à négatives ses perspectives sur le système bancaire américain.
Réunis dans le cadre d'un sommet non prévu à l'agenda, les superviseurs de la Banque centrale européenne (BCE) ont cependant déclaré vendredi ne pas constater de contagion des turbulences actuelles aux banques de la zone euro, selon une source, tandis que le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a assuré que la hausse des taux de 50 points décidée par la BCE jeudi était un message de confiance sur les banques.
afp/oang
Défiance de plusieurs grandes banques envers Credit Suisse
Au moins quatre grandes banques auraient limité leurs activités avec Credit Suisse ou ses titres, a affirmé vendredi l'agence Reuters en citant de sources anonymes proches du dossier.
Deutsche Bank aurait ainsi réduit la valeur des prêts de titres Credit Suisse, notamment les emprunts émis par les riches clients de la banque aux deux voiles comme garantie de crédit. Le britannique HSBC aurait pour sa part commencé à évaluer ses crédits liés à la banque zurichoise. La banque française Société Générale aurait quant à elle réduit ses positions détenues auprès de Credit Suisse.
Des responsables de ces banques n'ont pas confirmé ces informations à Reuters. Interrogée par l'agence AWP, Credit Suisse n'a pas souhaité commenter ces nouvelles.
Frustration et colère des employés de CS en Suisse
Face aux crises à répétition et à une image largement écornée, les employés et employées de Credit Suisse traversent eux-aussi une période difficile.
En Suisse, les résultats de la filiale du groupe sont bons, à l'inverse des pertes à l'international. Mais à l'interne, la frustration et la colère montent, à écouter les témoignages recueillis par la RTS.
La banque, elle, a agi sur les bonus pour retenir ses talents. Mais il faudrait surtout donner du sens et un vrai projet pour les employés qui restent.