Le coprésident du PS Cédric Wermuth s'est dit "frustré et en colère". Les responsables de cette débâcle doivent rendre des comptes, a-t-il affirmé. Son parti exige une commission d'enquête parlementaire pour déterminer "qui a (ou n'a pas) fait quoi et quand" au niveau politique.
De l'autre côté de l'échiquier politique, les réprobations pleuvent aussi. Pour l'UDC, la crise du Credit Suisse est la conséquence de la "mauvaise gestion et du copinage PLR". La situation dans laquelle se trouve la grande banque est la conséquence de décisions managériales "fatales". Le parti critique également l'action "précipitée" du Conseil fédéral.
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"Honte pour la Suisse"
Du côté du PLR, on parle de "honte pour la Suisse". Pour son président Thierry Burkart, il s'agit d'une "journée noire pour la place financière suisse et pour la Suisse dans son ensemble". Le Centre a lui parlé de "la meilleure des mauvaises solutions".
Les deux partis admettent cependant que la mesure était nécessaire pour stabiliser la confiance sur les marchés financiers et protéger l'économie suisse. De nombreux citoyens et PME dépendent de la banque, a pointé le PLR.
Pour sa part, Balthasar Glättli, le président des Vert-e-s, s'est demandé sur SRF si la fusion entre les deux banques principales suisses n'était pas "un risque encore plus grand à l'avenir" pour la place financière helvétique. Le PVL s'est lui montré préoccupé par ce rachat, du point de vue du droit de la concurrence et "en matière de concurrence ouverte et loyale". Son président Jürg Grossen a déploré que la Suisse n'ait pas su anticiper les défis internationaux.
"Escalade fatale" évitée
Economiesuisse est soulagée qu'une "escalade fatale" ait pu être évitée. Le Conseil fédéral a empêché une déstabilisation de la place financière suisse aux conséquences imprévisibles, a estimé la faîtière, tout en regrettant que "l'on soit arrivé là".
Les décisions vont dans le sens de la stabilité des marchés financiers et de la place économique suisse, a aussi jugé le ministre zurichois des Finances Ernst Stocker (UDC), président de la Conférence des directeurs cantonaux des finances. Un avis partagé par l'Union des banques cantonales suisses. Les conséquences de la reprise de la banque en difficulté pour les budgets publics et le marché du travail doivent désormais être analysées, a ajouté Ernst Stocker.
L'Union syndicale suisse (USS) s'est elle inquiétée de la sauvegarde des emplois. Elle souhaite soutenir l'Association suisse des employés de banque et demande la mise en place rapide d'une taskforce qui veillera à ce que le plus grand nombre possible d'emplois soient préservés.
mera avec ats
Olivier Feller et Roger Nordmann restent inquiets
Après l'annonce du rachat de Credit Suisse par UBS, les réactions politiques n'ont pas tardé. Les conseillers nationaux vaudois Olivier Feller (PLR) et Roger Nordmann (PS) sont intervenus dans le 19h30 de la RTS.
Olivier Feller pointe la responsabilité du "management de Credit Suisse", avec la prise de "choix stratégiques erronés". Il estime que Credit Suisse "met en difficulté la place financière helvétique et l'image de la Suisse sur le plan international".
Roger Nordmann, de son côté, se dit "outré" et qualifie la direction de la banque non loin de la "criminalité organisée".
Les deux élus sont unanimes lorsqu'ils s'interrogent sur l'efficacité des mécanismes de surveillance de la place financière suisse.
L'inquiétude de l'élu libéral-radical se porte sur les multinationales installées en Suisse. Il espère en effet que ces dernières choisiront "la seule grande banque qu'il nous reste", soit UBS, pour leurs besoins "d'opérations ou de prestations particulières".
Le socialiste vaudois estime quant à lui qu'"en réalité, le contribuable et le peuple suisse, avec la BNS, risquent au total 209 milliards dans cette opération", contredisant les propos de la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter. Il considère également qu'une fois la fusion établie, la taille d'UBS devra être réduite.
Un passage en force, mais une bonne nouvelle pour les épargnants
Le rachat de Credit Suisse est un véritable passage en force, a estimé dans le 19h30 John Plassard, spécialiste en investissement à la banque Mirabaud: "Les gouvernements américain et anglais s’en sont mêlés, il y a aussi eu le ministre français des Finances qui a appelé le gouvernement suisse. Donc, on le voit, nous sommes vraiment passés à côté d’une crise internationale."
Du côté de la clientèle, il n’y a rien à craindre, les épargnes sont sécurisées, affirme Myret Zaki, journaliste économique, ajoutant: "C’est une bonne nouvelle, si je suis déposant, je peux dormir la nuit, il n’y a aucun problème."
Myret Zaki constate également que de l’argent public n’a pas été directement sollicité. "On sent même qu’il y a eu un effort particulier pour ne pas puiser à la louche dans l’argent du contribuable, parce que politiquement, ce serait peu acceptable."
Selon John Plassard, les places financières n’ont pas à craindre un risque de contagion: "Pour le court terme, la situation devrait s’améliorer", prévoit-il.
Les problèmes de Credit Suisse n’avaient rien à voir avec les liquidités, "c’est vraiment un problème de confiance", affirme John Plassard. "Le problème était étroitement lié à ce qui se passe aux Etats-Unis où il y a eu plusieurs faillites de banques régionales."
Pour Myret Zaki, les vrais lésés dans cette affaire sont les actionnaires qatariens et saoudiens: "En tout, ils possédaient 20% des actions et ils n’ont pas vraiment été consultés alors qu’ils ont beaucoup perdu."