"C'est un gâchis social, économique et une honte politique pour des dirigeants trop lents à agir", regrette le chef de la rubrique Economie de La Tribune de Genève et de 24 heures. Pierre Veya déplore une fin "indigne" et une banque "liquidée aux soldes". La Suisse se retrouve aujourd'hui "plus petite" et revient à une forme de normalité bancaire. "Ce n'est pas la fin de l'histoire, mais une gifle à sa fierté", souligne-t-il.
Pour Le Temps, les autorités, groggy de confiance, ont manqué le coche lorsqu'il était question d'une extraction de l'entité suisse, réclamée par des actionnaires "aussi minoritaires que minorisés" depuis longtemps. "L'attentisme" dont ont fait preuve les autorités a eu raison de Credit Suisse, qui, "décidément", ne devait pas tomber, déplore le quotidien.
Opération "indispensable" mais "douloureuse"
La Liberté s'inquiète quant à elle des conséquences de cette opération, qu'elle estime cependant "indispensable", sur les employés. Quoi qu'en disent ses dirigeants, elle sera "douloureuse". La manoeuvre laissera également un goût amer aux contribuables, puisque, pour la mener à bien, la Banque nationale suisse (BNS) va avancer des fonds jusqu'à hauteur de 200 milliards de francs, souligne le journal fribourgeois.
La Paradeplatz figure aussi en Une du Quotidien Jurassien, avec ce titre: "C'est acquis", une formule qui réunit en un mot l'achat et l'acceptation de la situation.
Une solution bricolée en urgence
"La Suisse a dormi bien trop longtemps alors que Credit Suisse glissait les yeux ouverts vers sa ruine", analyse le Blick. Le quotidien alémanique s'étonne que les autorités, mais aussi les autres banques suisses, n'aient pas agi plus tôt, forçant les acteurs de cette débâcle à "bricoler" une solution en urgence.
Pour les titres alémaniques du groupe Tamedia, il s'agit tout simplement d'un "scandale historique". La Confédération, la Finma et la BNS se sont laissées marcher sur les pieds par UBS. Celle-ci en cueille tous les bénéfices tandis que les clients et les collaborateurs raquent, commentent-ils. Et les mesures prises par la Confédération font peser un risque de 9 milliards de francs sur les contribuables.
"Jour noir" pour la place financière
Il faut s'attendre à des "dommages collatéraux", confirme la Neue Zürcher Zeitung (NZZ), qui décrit un jour noir pour la place financière suisse et de nombreux employés.
"La Suisse s'est certes débarrassée d'une banque zombie, poursuit le journal, mais elle se réveille lundi avec une banque monstre". Car le bilan total de l'UBS est désormais presque deux fois plus important que la performance économique de la Suisse. A son tour, UBS est définitivement trop grande pour sombrer.
Dans un commentaire au vitriol du rédacteur en chef, les titres du groupe CH Media parlent d'une "catastrophe" qui n'aurait jamais dû arriver après le sauvetage de l'UBS en 2008. Patrick Müller pointe en particulier d'anciens CEO et administrateurs "incapables", qui ont conduit dans l'abîme ces dix dernières années une banque vieille de 167 ans.
Un véritable "déchet radioactif"
Le Corriere del Ticino parle d'une séquence de film déjà vu, comme il y a 15 ans avec l'UBS, avec la main publique qui doit à nouveau intervenir de manière décisive. Le journal de Lugano décrit Credit Suisse comme un "déchet radioactif" qui aurait pu causer des dégâts encore plus grands s'il avait été laissé en proie aux aléas des marchés.
A Bellinzone, la Regione se désole que la banque qui a financé la construction du tunnel ferroviaire du Gothard se soit abîmée un siècle et demi plus tard en trafiquant avec des hedge funds.
Et la nouvelle est également très largement analysée par les médias internationaux lundi.
oang avec Valérie Droux et ats