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Près de la moitié des miels importés en Europe seraient coupés au sucre

La moitié des miels importés dans l'UE suspectés d'être "frelatés". Image d'illustration. [Unsplash - Mae Mu]
La moitié des miels importés dans l'UE suspectés d'être "frelatés" / Le Journal horaire / 30 sec. / le 23 mars 2023
Près de la moitié des miels importés dans l'UE, mais aussi en Suisse, sont suspectés d'être frelatés, notamment via l'ajout de sirops de sucre, selon une enquête des autorités européennes publiée jeudi. Cette analyse épingle des miels originaires de Chine et de Turquie.

L'UE importe environ 40% de sa consommation de miel. L'enquête du service de recherche de la Commission européenne et de l'Office européen de lutte antifraude (Olaf) montre que sur 320 échantillons contrôlés, environ 46% sont fortement suspectés de déroger aux règles de l'UE, bien davantage que les 14% relevés lors de la dernière étude en 2015-1017. Ces échantillons proviennent de quinze Etats membres, ainsi que de Suisse et de Norvège.

Dans le détail, 74% des 89 miels originaires de Chine ont été jugés suspects, comme la quasi-totalité des miels importés de Turquie (14 sur 15).

La totalité des 10 miels entrés par le Royaume-Uni sont considérés non-conformes, "probablement parce qu'y sont mélangés des miels produits dans d'autres pays avant réexportation". Des miels ukrainiens, mexicains et brésiliens sont également épinglés.

>> A lire également : Le miel frelaté envahit les étalages, l'offre peinant à suivre la demande

Sirops de sucre

Principale technique frauduleuse: l'ajout de sirops de sucre (de riz, blé ou betterave) pour faire baisser le prix. Mais le rapport mentionne aussi le recours à des additifs et colorants, ou la falsification des informations de traçabilité.

"Le miel contient naturellement des sucres et, selon la législation de l'UE, il doit rester pur. Il ne peut y avoir d'eau ou de sirops de sucre bon marché ajoutés artificiellement pour augmenter le volume", rappelle l'Olaf.

"Si le risque pour la santé humaine est faible, de telles pratiques trompent les consommateurs et défavorisent les producteurs honnêtes face à la concurrence déloyale", explique le gendarme antifraude, notant que la valeur moyenne du miel importé était de 2,32 euros/kg en 2021, contre un coût de 0,40-0,60 euros/kg pour les sirops de sucre à base de riz, soit environ cinq fois moins.

Exportateurs sanctionnés

Sur 123 exportateurs de miel vers l'Europe, 70 sont soupçonnés d'avoir frelaté leurs produits, et sur 95 importateurs européens contrôlés, les deux-tiers sont concernés par au moins un lot suspect. À ce jour, "44 opérateurs dans l'UE ont fait l'objet d'une enquête et sept ont été sanctionnés", précise l'Olaf.

Sur les 21 échantillons prélevés en France, seuls 4 étaient du "vrai miel". En Allemagne, qui concentre un tiers des importations européennes, la moitié des 32 échantillons prélevés était suspecte.

Deux prélèvement ont été faits en Suisse. Pour des raisons statistiques, le rapport d'analyse n'indique pas la proportion d'échantillons conformes. En revanche, dans l'autre document de l'enquête, il est mentionné qu'un "opérateur (sur deux pour la Suisse, ndlr) ayant reçu des envois suspects de falsification a fait l'objet d'une enquête" des autorités. Ce miel provenait de Nouvelle-Zélande.

>> Ecouter aussi le sujet de Tout un monde, en avril, sur les mafias liées au miel :

Miel néonicotinoïdes. [Fotolia - Daniel Vincek]Fotolia - Daniel Vincek
Les mafias investissent l’agro-alimentaire avec le miel coupé au sirop de sucre / Tout un monde / 6 min. / le 12 avril 2023

afp/ami

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"Le marché européen est une véritable passoire"

"Ce résultat alarmant démontre que le marché européen est une véritable passoire qui permet aux fraudeurs d'écouler leurs faux produits", a réagi l'ONG de défense des consommateurs Foodwatch.

Elle réclame "des moyens de contrôles à la hauteur", "une méthodologie harmonisée pour repérer les fraudes" et des obligations de transparence dans les informations données. "L'opacité sur les aliments frauduleux doit être corrigée de toute urgence", exige-t-elle.

Méthodes limitées

Les chercheurs européens ont analysé en laboratoire les échantillons de miel à l'aide de quatre procédés. Ceux-ci permettent de détecter des marqueurs signalant la présence de sucre ajouté. Toutefois, le rapport précise que les "techniques utilisées ont fourni des informations qualitatives (présence/absence de marqueurs) et, ainsi, il n'a pas été possible d'estimer le niveau de sirops exogènes présents dans le miel".

Les analystes parlent en termes de "suspicion" et ne tirent pas de conclusions catégoriques. Ils appellent par ailleurs à de meilleurs méthodes de détection.