En Suisse, les valeurs bancaires ont fortement reculé, toujours chahutées après le rachat forcé de Credit Suisse par UBS. A New York, Wall Street cédait du terrain en matinée, inquiète du séisme qui continue de secouer le secteur bancaire occidental, avec désormais Deutsche Bank en ligne de mire (lire encadré). Cet établissement apparaît, aux yeux du marché, comme le nouveau maillon faible du système bancaire, après la faillite de trois établissements américains et le rachat en catastrophe de Credit Suisse.
Ce dernier développement "alimente les inquiétudes relatives à la santé du système bancaire", a expliqué Quincy Krosby, du courtier LPL Financial. "On vend d'abord et on posera les questions plus tard", a-t-il expliqué. "Les investisseurs ne veulent pas se réveiller dimanche pour s'apercevoir que la situation de Deutsche Bank s'est détériorée à la manière d'un Credit Suisse."
Les places ont également chuté de 1,74% à Paris, de 1,66% à Francfort, de 1,26% à Londres après une première partie de semaine dans le vert consécutivement au rachat de Credit Suisse.
Seuls trois gagnants
L'indice suisse SMI a, lui, terminé en recul de 0,79% à 10'634,04 points, avec un plus bas à 10'561,63 points et un plus haut à 10'669,04 points. Sur les 30 valeurs vedettes, Novartis (+0,7%), Zurich Insurance (+0,6%) et Roche (+0,02%) sont les seuls gagnants du jour. Nestlé a fini inchangé.
La volatile AMS Osram (-8,2%) a fini lanterne rouge, derrière le bon Schindler (-5,8%) et Credit Suisse (-5,2% à 0,7592 franc). UBS (-3,6%) a nettement fléchi aussi, alors que Julius Bär (-1,0%) a relativement limité la casse.
Selon des sources citées par l'agence Bloomberg, les deux grandes banques seraient, avec plusieurs autres banques, dans le collimateur du ministère américain de la Justice (DoJ) pour de supposés contournements des sanctions contre la Russie.
agences/ami
Deutsche Bank, nouveau maillon faible
Le titre de Deutsche Bank, la première banque allemande, a terminé en forte baisse vendredi à Francfort, malmené durant toute la séance et devenant la nouvelle cible de l'inquiétude pour la solidité du secteur bancaire européen.
L'action a clôturé en baisse de 8,53% à 8,54 euros (8,45 francs), après avoir plongé jusqu'à 14% dans la journée, enchaînant une troisième séance de baisse d'affilée à la Bourse de Francfort.
Sa rivale Commerzbank (-5,45%) et plusieurs banques européennes ont elles aussi clôturé en baisse, faisant plonger les bourses européennes.
Assurance contre le défaut de paiement plus chère
Le coût de l'assurance en cas de défaut de paiement de la dette a augmenté jeudi pour la plupart des banques européennes, et particulièrement pour Deutsche Bank.
L'envolée des prix de ces instruments de couverture pour la banque, appelés CDS ("Credit default swaps"), est signe d'un manque de confiance des marchés envers le secteur.
Olaf Scholz tente de rassurer
Il n'y a pas d'inquiétudes à avoir pour la Deutsche Bank, a assuré vendredi après-midi le chancelier allemand Olaf Scholz à l'issue d'un sommet européen à Bruxelles.
"La Deutsche Bank a fondamentalement modernisé son modèle économique. Il n'y a pas lieu de s'inquiéter de quoi que ce soit", a déclaré le chef du gouvernement allemand lors d'une conférence de presse. "Le système bancaire est stable en Europe", a-t-il martelé face à la chute des marchés.