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L’intérêt commercial pour le foot féminin grandit

fokus :  argent de joueuses
fokus : argent de joueuses / basik / 11 min. / le 3 avril 2023
L'intérêt pour le football féminin grandit et réveille la curiosité des sponsors et diffuseurs privés qui se battent pour acquérir les droits. Bien qu'en retard par rapport à ses voisins européens, la Suisse progresse aussi, en investissant dans ses clubs féminins. Peu de joueuses encore peuvent toutefois vivre de ce sport.

Jamais le football féminin n’a suscité autant d’intérêt et d’enthousiasme. La finale du dernier Euro en Angleterre a réuni plus de 80'000 personnes à Wembley, près de Londres, et la compétition a été suivie par plus de 365 millions de téléspectatrices et téléspectateurs à travers le monde, d'après l’UEFA.

Le pays hôte du prochain Euro féminin de football en 2025, qui doit être connu cette semaine, bénéficiera donc de cette visibilté. L’annonce doit avoir lieu en marge du 47e Congrès de l’UEFA à Lisbonne et la Suisse est candidate, en concurrence avec la France, la Pologne et une alliance scandinave (Danemark, Finlande, Norvège, Suède).

>> Lire aussi : UEFA Euro dames 2025: la Suisse espère être choisie comme pays organisateur

Un intérêt économique

DAZN, l’un des plus grands sites de streaming sportif, basé en Angleterre, a quant à lui acheté l’exclusivité des droits pour diffuser la Ligue des Champions féminine. Andrea Erkblad, directrice des droits pour le sport féminin de l'entreprise, se félicite d'avoir su saisir cette opportunité.

"C’était une occasion à ne pas manquer, nous avons doublé notre investissement à ce moment afin de combler également le fossé de visibilité et de couverture entre le sport masculin et féminin. Et d’un point de vue général, DAZN veut devenir le plus grand diffuseur de sport au monde, ce qui est impossible sans investir dans le sport masculin et féminin", explique-t-elle lundi dans l'émission basik.

Peu de footballeuses gagnent leur vie en Suisse

L’Angleterre, l’Espagne, l’Allemagne ont maintenant des ligues féminines professionnelles, où les sportives gagnent leur vie grâce au football.

En Suisse, on en est loin. La plupart des femmes sont peu ou pas rémunérées et doivent trouver des solutions pour allier sport de haut niveau et indépendance financière.

"Il n’y en a pas beaucoup qui sont payées. Elles essaient de trouver un à-côté, pour pouvoir financer tout ça. La plupart des filles sont suisses, donc leurs parents ou leur famille sont là, mais beaucoup travaillent", explique Caroline Abbé, team manager de l’équipe de Suisse féminine.

L’Association suisse de football a rendu plus égalitaire certaines primes destinées à l’équipe masculine et féminine. Mais l’égalité salariale n’est pas encore une réalité. "On est sur la bonne voie. Arriver jusqu’à des salaires faramineux des hommes, je ne pense pas que ça arrivera un jour, mais au moins être reconnues, c’est ce qui est le plus important pour nous", poursuit Caroline Abbé.

Certains clubs suisses progressent

Sur les terrains helvétiques, le Servette FC Chênois féminin fait partie des clubs qui investissent le plus dans leur section féminine, notamment grâce à l’apport des sponsors, un pari jusque-là gagnant sportivement.

Le club genevois a en effet réussi à se qualifier la saison passée pour la phase de groupe de la Ligue de Champions féminine, un jackpot au niveau financier.

Du côté d’Yverdon, l’équipe féminine a un budget moindre, mais le club fait partie des pionniers de la discipline. Il s'appuie sur des personnalités comme Linda Vialatte, la présidente du club, pour travailler au développement du football.

"C’est la lutte perpétuelle qu’on mène depuis 40 ou 50 ans pour le football féminin. C’est un plus d’avoir une équipe féminine, ce n’est pas un moins. C’est un moins, car on va peut-être leur donner de l’argent à fonds perdus, mais c’est un plus au niveau de l’image, c’est un plus dans l’ambiance du stade, c’est un plus dans toute la convivialité", explique-t-elle.

Sujet TV: Quentin Bohlen

Adaptation web: Julie Marty

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