C'est le quotidien économique norvégien Dagens Næringsliv qui a compté plus de trente milliardaires et multimillionnaires qui ont quitté le pays depuis cette augmentation. Une goutte de trop, visiblement, pour ces privilégiés qui invoquent la sauvegarde de l'emploi et de leurs entreprises pour justifier leur choix. Et une perte de plus de quinze millions de francs par an pour le pays.
Face à ces fuyards, le gouvernement de gauche appelle à la raison et met en avant le modèle social de la Norvège et son soutien à la création de richesse. "Si vous avez connu le succès et êtes devenu riche en Norvège, nous espérons que vous resterez et que vous continuerez à participer à la société norvégienne", a notamment déclaré un secrétaire d’État au ministère des Finances au Guardian.
Et s'il espère que la fuite est temporaire, il envisage quand même des armes de dissuasion, comme une taxe à la sortie pour les riches qui voudraient prendre le large.
"Business as usual" en Suisse
Beaucoup de ces grandes fortunes cherchent des destinations où la fiscalité leur est favorable, et la Suisse dispose de nombreuses possibilités pour minimiser - voire éviter - l’impôt sur la fortune.
Mardi encore, le Dagens Næringsliv faisait la Une de son site en interrogeant un jeune entrepreneur de la blockchain qui vit désormais à Zurich où il achève un doctorat. "Je ne pars pas pour des raisons fiscales, mais parce que la réglementation de la blockchain est plus attractive en Suisse", se défend-il.
Empereur norvégien de la pêche et premier contribuable du pays en 2022, Kjell Inge Rökke est quant à lui parti pour Lugano. "Ce n’est ni la destination la moins chère ni où les impôts sont le plus bas", s'est-il justifié dans une lettre ouverte, arguant qu'il a choisi le Tessin pour être "au coeur de l'Europe".
Pays riche de ses hydrocarbures
Son départ à lui seul provoque un petit trou dans les budgets de l'Etat et fait réagir l'opinion. Pour Ole Gjems-Onstad, professeur émérite à la Norwegian Business School cité dans le Guardian, c'est "un choc" pour beaucoup de citoyens et citoyennes du pays de voir leurs grandes fortunes quitter le pays. "La Norvège n'a pas une grande tradition d'auto-flagellation", explique-t-il.
La situation n'est pas catastrophique pour autant en Norvège. Premier fournisseur de gaz à l’Europe l’an dernier, le pays a vu ses revenus fiscaux liés aux énergies fossiles exploser l’an dernier après la fin des livraisons russes.
Et le gouvernement compte bien miser sur le développement de ces énergies fossiles: il a même soulevé l’indignation en début d’année en proposant pas moins d’une centaine de blocs de prospection pétrolière dans l’Arctique.
Frédéric Mamaïs/jop