Des sociétés suisses continueraient de commercer avec la Russie malgré les sanctions
Le quotidien britannique Financial Times estime dans un article paru lundi avoir découvert une faille dans le régime de sanctions suisses contre la Russie.
Selon le journal, l'entreprise de matières premières zougoise Open Mineral aurait, par le biais de sa succursale aux Emirats arabes unis, importé de l'or russe pour un montant de 40 millions de francs entre août 2022 et janvier 2023, bien que les sanctions envers la Russie, en vigueur depuis le mois d'août, l'interdisent.
Pour l'ONG Public Eye, cela signifie qu'il y a des failles dans le système. "Selon nous, c'est clairement un contournement des sanctions ou une tentative de contournement. Si l'on considère que ces sanctions tentent d'empêcher le financement par la Russie de sa guerre en Ukraine, le Conseil fédéral et les politiciens doivent agir pour colmater la faille", considère Robert Bachmann, analyste financier de l'ONG, interrogé par la télévision alémanique SRF.
Une société créée il y a un an seulement
Sollicité, le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) ne voit pas de violation des sanctions. Selon le droit suisse, c'est le principe territorial qui compte. "Les succursales indépendantes de sociétés suisses à l'étranger ne sont donc pas liées aux sanctions suisses", écrit l'organisme.
Ainsi, il est possible que les négociants en matières premières utilisent activement ces failles légales, estime Gretta Fenner, experte en gouvernance d'entreprise.
"Ce que je trouve suspect, c'est que l'entreprise à Abu Dhabi a été créée il y a seulement une année. Cela peut être un hasard, mais il est raisonnable de penser qu'elle a été créée après le début de la guerre et l'entrée en vigueur des sanctions pour pouvoir continuer à faire du commerce avec de l'or russe", note-t-elle.
La pression s'intensifie
Interpellée, Open Mineral n'a pas souhaité répondre aux questions des journalistes.
L'association faîtière du secteur, à laquelle n'appartient pas l'entreprise zougoise, défend les sociétés basées en Suisse. "Ce qui compte est que les entreprises localisées en Suisse suivent les sanctions reprises de l'Union européenne par le gouvernement suisse", affirme Florence Schurch, secrétaire générale de Swiss Trading and Shipping Association.
Depuis le début de la guerre, la Suisse, qui n'a repris les sanctions européennes que tardivement, est sous pression. Selon certains, le Seco devrait faire appliquer les sanctions beaucoup plus activement.
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cs/iar avec SRF