L'augmentation des taux des "prêts Covid" pèse lourd sur les PME déjà en difficulté
Daniel Carlino est au four et au moulin. Ce samedi soir, son bistrot à La Chaux-de-Fonds affiche presque complet. Mais derrière le sourire se cache beaucoup d'inquiétudes. En plus des coûts de l’énergie et l’inflation, le taux d’intérêt de son prêt Covid va augmenter de 1,5%.
"C’est une charge supplémentaire qui vient se rajouter à toutes les charges qu'on a en plus actuellement", soupire-t-il dimanche dans le 19h30. Des coûts liés notamment à l'inflation. "Pour des produits comme la farine ou l'huile d'olive, c'est une augmentation de 25 à 30%. Si on parle de la viande ou du poisson, c'est 20%. Cela veut dire qu'on a une augmentation générale de 25 à 30% dans le milieu de la restauration", détaille-t-il.
Un taux de 1,5% à 2%
Le 29 mars dernier, le Conseil fédéral a décidé de relever les taux pour se calquer sur le taux directeur de la BNS, indiquant qu'à partir du 1er avril 2023, les crédits jusqu'à 500'000 francs seront soumis à un taux de 1,5%, tandis que pour ceux d'un montant supérieur à 500'000 francs le taux atteindra 2%.
Du coté des entreprises, on regrette de ne pas avoir été consulté. Pour Christophe Barman, coprésident de la Fédération suisse des entreprises (FSE), la pilule aurait été moins amère si on les avait prévenues un peu à l'avance. "Là, ça nous a paru quand même un peu violent", déplore-t-il.
Pétition lancée en ligne
Une pétition a été lancée en ligne pour demander un moratoire d’au moins un an. Quelque 500 entreprises ont déjà signé.
Artisan boulanger chocolatier chez "Maison Buet" à Lausanne, Laurent Buet ne décolère pas depuis qu’il a reçu le courrier de sa banque. La lettre, datée du 18 avril, indique que la hausse des taux à un effet rétroactif au 1er avril. Avec cette augmentation des taux, sa facture globale va grimper de près de 4000 francs par année.
"C’est de l’argent que je vais donner à une banque, que je ne vais pas investir dans du matériel, que je ne vais pas pouvoir redistribuer à mes employés. Donc on est fâché de la manière dont ça se passe", souffle-t-il.
Cette hausse des taux pourrait même conduire certaines entreprises à la faillite. A ce jour, seuls 40% des prêts ont été remboursés.
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Cécile Durring/fgn