Mauvaise élève en économie circulaire, la Suisse pourrait se doter d'une nouvelle loi
Le but de l'économie circulaire est de sortir du triptyque "acheter, consommer, jeter". Dans cette optique, c'est surtout la gestion des déchets qui pose le plus de défis. Et la Suisse, malgré sa culture du recyclage, fait figure de mauvais élève en comparaison internationale, selon une étude réalisée par le cabinet Deloitte. Les secteurs de l'industrie, de l'agroalimentaire ou de la construction pèsent particulièrement sur le bilan.
Et si la Suisse est mauvaise en la matière, c'est aussi en sa qualité de pays riche qui consomme plus que la moyenne. "On achète beaucoup plus d'objets et les industriels l'ont bien compris", relève Thomas Putallaz, président de l'Association suisse contre l'obsolescence programmée (NoOPS).
Une plateforme fédérale?
Selon lui, ce fort pouvoir d'achat s'ajoute à une mentalité générale qui doit évoluer. Il salue donc une certaine prise de conscience politique, qui se traduit par cette initiative parlementaire déposée au Parlement par la Commission de l'environnement du National.
Le projet de loi veut améliorer la situation en contribuant à fermer le cycle des produits. Il demande à la Confédération et - dans la mesure de leurs compétences - aux cantons de s'engager en faveur d'une utilisation plus efficace des ressources, y compris en termes d'atteintes à l'environnement causées à l'étranger.
Concrètement, le texte veut créer une plateforme consacrée à la promotion de l'économie circulaire en Suisse, gérée par la Confédération en collaboration avec les acteurs compétents. Il permettrait aussi au Conseil fédéral d'obliger fabricants et commerçants à utiliser des emballages issus de matériaux circulaires, de créer des incitations à éviter les emballages inutiles, ou encore d'instaurer une obligation de collecter les emballages.
Écologie et efficience
Mais la meilleure manière de diminuer la consommation de ressources consiste à utiliser le plus longtemps possible un produit. Soit réutiliser, réparer ou rénover les objets: revendre sa vieille vaisselle dans des brocantes au lieu de la jeter, emmener ses chaussures usées chez le cordonnier ou remettre à jour son ordinateur à bout de souffle.
Ce n'est que lorsque ce n'est pas possible que le produit devrait être recyclé d'une manière ou d'une autre et réinjecté dans la production.
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En plus de son aspect écologique, l'économie circulaire représente aussi des avantages en termes d'efficience qui résonnent particulièrement aujourd'hui, alors que les matériaux et l'énergie se font plus rares.
Philéas Authier/jop