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En France, la production d'eau en bouteille fait des vagues dans certaines régions asséchées

Alter Eco (vidéo) - Le marché de l’eau en bouteille a-t-il encore un avenir?
Alter Eco (vidéo) - Le marché de l’eau en bouteille a-t-il encore un avenir? / Alter Eco / 2 min. / le 9 mai 2023
Depuis vendredi, Nestlé Waters a fermé deux de ses six forages d'eau minérale à Vittel, dans les Vosges, en raison de la sécheresse. Face à l'état des nappes phréatiques et aux enjeux environnementaux, une question se pose: le marché de l’eau en bouteille a-t-il encore un avenir?

La division de Nestlé dédiée à l'eau en bouteille a suspendu ses deux usines destinées à la production de l'eau Hépar, en raison de "conditions climatiques qui se détériorent", sans préciser la durée prévue de cette suspension.

La mairie de Vittel, qui perçoit une surtaxe sur les eaux minérales naturelles d'environ quatre millions d'euros par an, n'a pas voulu communiquer sur l’état de ses réserves souterraines, renvoyant à Nestlé.

Mais sur place, certains habitants expriment leur colère contre le groupe basé à Vevey, qui détient aussi, entre autres, les marques Contrex et Perrier. "Il n'y a plus d’eau, on arrive au bout", déclare le responsable d’un collectif citoyen à France Bleu. Il rappelle que l’état de la nappe phréatique est dénoncé depuis 30 ans.

Dans le Gard (sud), Nestlé exploite l'eau Perrier à Vergèze. La commune où se trouve l'usine Nestlé Waters Supply Sud est placée en état de "vigilance" impliquant notamment que "des limitations volontaires d'usage de l'eau sont demandées" pour les usages industriels.

Modèle sous tension

D'autres zones du Gard sont déjà en alerte renforcée ou en crise, avec interdiction de remplissage des piscines, d'arrosage du potager en journée ou de lavage des véhicules pour les particuliers. "Un arrêté préfectoral du 11 septembre 2019 impose à Nestlé de réduire ses prélèvements de 15% en alerte sécheresse et de 30% en alerte renforcée", a fait savoir la préfecture gardoise.

La firme au nid indiquait en avril moderniser le site de Vergèze "afin d'assurer l'avenir de nos activités sur le long terme", limitant "la disponibilité des produits Perrier à court terme et encore pour quelques mois." En 2020, elle avait annoncé la suppression de 250 postes à l'horizon 2024 et un investissement de 40 millions d'euros sur le site.

"Pillage" de l'eau

La production d’eau minérale soulève aussi de fortes critiques ailleurs en France. Depuis début mai, la commune de Volvic, qui donne son nom à la marque éponyme exploitée par le groupe Danone, ainsi que 43 autres sont touchées par des mesures de limitation en raison "des conditions exceptionnelles de déficit pluviométrique", selon la préfecture du Puy-de-Dôme.

>> Lire aussi : Emmanuel Macron annonce un "plan de sobriété" sur l'eau

Les activités industrielles prélevant sur le réseau d'eau potable doivent réduire leurs prélèvements nets de 25%. La Société des eaux de Volvic n'y est pas soumise, car elle dispose de ses propres forages. Elle s'est toutefois engagée à abaisser de 5% ses autorisations de prélèvements pendant la durée de l'arrêté, soit jusqu'à fin juin. Ce pourcentage est normalement prévu en cas d'alerte sécheresse, fixé dans le cadre du Plan d'utilisation rationnelle de l'eau (PURE) signé en 2021. La baisse atteint 10% en cas d'alerte renforcée. Mais la mesure est jugé anecdotique et insuffisant par la population qui accuse Danone de "piller l’eau".

Edouard de Féligonde, qui a attaqué Danone en justice l'accusant d'avoir asséché ses bassins de pisciculture, rétorque que les besoins du groupe "sont de 2,33 millions de m3. Danone, dans sa grande générosité, va restreindre de 5% ses autorisations de prélèvement, qui sont de 2,8 millions de m3. Donc Danone pompe toujours autant." Il dénonce aussi un traitement différencié entre les entreprises. "A Riom, un brasseur doit réduire de 25% ses prélèvements nets alors que Danone, c'est 5% bruts. Grosso modo, à -25%, ce garçon va déposer le bilan. Le deux poids deux mesures, ça suffit."

>> Voir le reportage du 19h30 à Volvic :

En France, les épisodes de sécheresse remettent en cause le commerce des eaux en bouteille
En France, les épisodes de sécheresse remettent en cause le commerce des eaux en bouteille / 19h30 / 2 min. / le 18 mai 2023

Un marché en forte croissance

La France mais aussi l'Allemagne ou l'Italie restent de grandes consommatrices d'eau en bouteille, mais l'avenir de cette industrie se joue surtout hors de l'Europe. L'eau en bouteille réalise la majorité de ses ventes dans les pays du Sud global, car elle est gage de sécurité. L'Asie-Pacifique monopolise à elle seule la moitié du marché.

Et si cinq multinationales - Pepsi, Coca-Cola, Nestlé, Danone et le canadien Primo - se trouvent en tête des producteurs, elles ne se partagent qu'un quart d'un marché mondial qui pesait l'an dernier quelque 300 milliards de dollars. Et qui pourrait atteindre plus de 420 milliards d'ici 2027.

Mais si ce marché est en forte croissance, il est placé sous haute surveillance: mi-mars, un rapport de l’ONU dénonçait les dégâts de cette industrie, accusée d’aggraver les inégalités d’accès à l’or bleu et, évidemment, d'augmenter la pollution.

Sujet radio: Frédéric Mamaïs

Sujet TV: Raphaël Grand

Adaptation web: boi

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Marché en recul en Suisse

En Suisse, nous consommons en moyenne 110 litres d’eau minérale naturelle par personne et par année. Une consommation qui recule tendanciellement.

Quant à la production d’eau en bouteille en Suisse, elle a chuté de près de 20% sur les 15 dernières années.

>> Lire : De l'eau du robinet vendue en bouteille, le concept d'une start-up lausannoise