A Zoug, les préparatifs de la réforme fiscale de l'OCDE font grincer quelques dents
L'idée de la réforme voulue par l'OCDE est d'atténuer la concurrence que se livrent les pays à grand renfort d'avantages fiscaux. Et en Suisse, depuis de nombreuses années, le canton de Zoug joue pleinement de cette concurrence pour attirer des multinationales sur son sol. Avec succès: 400 entreprises y sont concernées par la réforme à venir.
Le canton de Suisse centrale est donc particulièrement présent dans les débats qui entourent cette votation. Aucun autre canton ne compte autant d’entreprises concernées par cette réforme fiscale. Cela signifie donc de nouvelles recettes, estimées par le canton à environ 300 millions par année.
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La fiscalité ne fait pas tout
En revanche, il y a aussi la crainte de devenir moins attractif. Le canton de Zoug veut donc continuer de se différencier pour "séduire les entreprises" par ses conditions cadres. Il envisage des "mesures de compétitivité", qui passeraient par la création de places de crèche, mais aussi par un soutien financier à la recherche et développement ou aux mesures socio-environnementales des sociétés.
Pour le conseiller d’Etat Heinz Tännler (UDC), en charge des Finances cantonales, actuellement, Zoug ne bénéficie pas seulement de sa politique fiscale attractive mais aussi de son audace en matière de conditions cadres. "Notre flexibilité et notre pensée innovative nous ont permis d'avoir beaucoup d'entreprises internationales", estime-t-il. Et ça, "tous les cantons peuvent le faire".
Par ailleurs, il rappelle que Zoug ne sera pas le seul gagnant des nouvelles entrées fiscales. "Les cantons qui ne sont pas touchés par l'impôt minimal bénéficieront aussi de la réforme, grâce à la péréquation financière", souligne-t-il.
Une fiscalité pour les plus riches
Mais dans le canton, tout le monde ne tient pas le même discours. Enfant de la région et membre de la direction du Parti socialiste cantonal, Andrei Markovic fustige une politique financière exclusivement dirigée vers les ultra-riches. Et ses effets secondaires sur le prix des logements, par exemple.
"C'est surtout le Zoug des entreprises et des gens à très haut revenu qui y gagnent. Zoug sera encore plus attractif pour les hauts revenus, ce qui mènera à cette dynamique sociale: les gens à hauts revenus emménageront ici et les gens à revenus plus bas seront évincés."
"Aujourd'hui, il est surtout question de produire des bonnes conditions pour le capital", ajoute le socialiste."Mais des enquêtes montrent que Zoug est l'un des cantons les moins attractifs financièrement pour les familles normales."
C'est en partie pour cette raison que le Parti socialiste zougois, comme les délégués du PS Suisse, prônent un non le 18 juin. Il est cependant très improbable qu'ils convainquent une majorité des votants, au regard des derniers sondages.
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Mais si la réforme devait être rejetée, le canton de Zoug n'exclut pas d'instaurer lui-même rapidement une hausse progressive des impôts, afin de clarifier la situation des entreprises.
Julien Bangerter/jop