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Une "liste noire" de Travail.Suisse pour combattre la discrimination salariale

Travail.Suisse veut combattre la discrimination salariale à l'aide d'une liste noire. [RTS - Gaël Klein]
Travail.Suisse veut combattre la discrimination salariale à l'aide d'une liste noire / Le Journal horaire / 19 sec. / le 1 juin 2023
La faîtière syndicale Travail.Suisse va dresser, dès jeudi, une "liste noire" des entreprises ne respectant pas les exigences de la nouvelle loi sur l'égalité salariale. Trois ans après son introduction, cette loi non contraignante s'est révélée inefficace, estime l'organisation.

Depuis 2020, les entreprises de 100 personnes ou plus sont tenues légalement de procéder à une analyse comparative des salaires de leurs employés et employées et d'en communiquer les résultats au personnel. La loi ne prévoit cependant pas de sanction pour celles qui ne feraient pas cet examen.

Par conséquent, la discrimination salariale reste une réalité "même 40 ans après l'inscription de l'égalité salariale dans la Constitution fédérale", rappelle Travail.Suisse.

Liste noire, liste blanche

L'organisation se fait lanceuse d'alerte. Les entreprises manquant à ce devoir d'examen pourront être signalées de façon anonyme sur une plate-forme dédiée. Il s'agit d'"une liste noire contre les discriminations salariales", a-t-elle annoncé à Berne. Son objectif est de "combattre la discrimination salariale en créant la transparence." Un examen attentif des salaires constitue, selon elle, un prérequis pour résoudre les inégalités dans le monde du travail.

Les entreprises qui n'auraient pas procédé à l'évaluation requise figureront sur cette liste – après vérification – aussi longtemps qu'elles n'auront pas rempli leur devoir. L'organisation demande des sanctions contre les sociétés récalcitrantes.

La plateforme propose aussi une "liste blanche", sur laquelle les entreprises qui respectent la loi peuvent s'inscrire.

"En cas de discrimination, les entreprises seront tenues de prendre des mesures efficaces dans un esprit de dialogue social", demande Tanja Brülisauer, du syndicat du personnel transfair. Les organisations de travailleurs estiment que le meilleur moyen de parvenir à l'égalité est de lier un maximum d'entreprises et de branches économiques via des conventions collectives.

Mesures politiques

La conseillère nationale Léonore Porchet (PS/VD), vice-présidente de Travail.Suisse, estime toutefois qu'il faut aller plus loin sur le plan politique, avec des mesures "à large échelle" pour que les entreprises soient également tenues d'appliquer les corrections salariales nécessaires. Le Conseil national a fait un premier pas dans ce sens et le dossier est actuellement au Conseil des Etats.

Les entreprises entre 50 et 99 salariés sont en outre invitées à faire connaître leur engagement même sans obligation légale. Les syndicats rappellent que la loi ne s'applique qu'à une minorité de sociétés, qui représentent moins de 50% des employés.

Travail.Suisse estime entre 8 et 9% la "part inexpliquée" en Suisse des écarts moyens de revenus entre hommes et femmes.

ats/jop

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