Les obligations inscrites dans la loi sur la loi sur l'égalité salariale, en vigueur depuis trois ans, sont limpides. Les entreprises de plus de 100 personnes doivent analyser les discriminations salariales, les communiquer à leur personnel et y remédier. Mais dans les faits, selon Véronique Rebetez, secrétaire centrale du syndicat Syna, c'est beaucoup plus flou.
"Aujourd'hui, ce qui ne fonctionne pas dans cette loi, c'est le manque de contraintes vis-à-vis des entreprises à faire l'examen de l'égalité des salaires et également le manque de sanctions", déplore Véronique Rebetez. "On appelle vraiment les entreprises à faire cet examen et on appelle les travailleurs à dénoncer leurs entreprises pour améliorer l'égalité des salaires entre hommes et femmes et diminuer la part inexpliquée des inégalités." Une dénonciation anonyme pourrait valoir à l'entreprise de se retrouver sur la liste noire que les syndicats viennent de mettre en place.
>> Lire aussi : Une "liste noire" de Travail.Suisse pour combattre la discrimination salariale
"Une prise de conscience"
Marc Pieren est moins défaitiste face aux résultats de la loi. Le co-fondateur de Comp-on, une entreprise dont la mission est précisément de délivrer des certifications en matière d'égalité salariale, juge que le bilan des syndicats est un peu sévère.
"Je trouve difficile de dire que cette loi ne porte pas ses fruits. On constate qu'il y a eu une prise de conscience, ou tout du moins un intérêt extrêmement accru des entreprises. Je fais des analyses d'égalité salariale depuis plus de dix ans, avec des certifications en la matière. On a fait une vingtaine de certifications sur huit ans, avant la mise en place de la loi. Depuis son entrée en vigueur, on en a fait 250", dénombre Marc Pieren.
Les entreprises qui se soumettent à cet examen sont en général en dessous de 5% d'écart, mais ce sont aussi les plus zélées qui s'y prêtent le plus volontiers. Par ailleurs, cette loi ne concerne que les très grandes entreprises, et pas les PME qui représentent pourtant l'essentiel du tissu économique de la Suisse.
Sylvie Belzer/thc