Dans de nombreuses firmes, le manque d'ingénieurs se fait toujours plus sentir. C'est le cas chez MPS Micro Precision Systems, une entreprise sise à Court (BE) qui est active notamment dans l'horlogerie, le médical et le spatial. La firme abrite une centaine de machines au total, mais un seul ingénieur oeuvre pour optimiser leur productivité.
Interrogé vendredi dans le 19h30, Jonas Dougoud confirme qu'il doit presque se dédoubler: "Je suis responsable de l’amélioration des processus de fabrication. Je suis tout seul, alors qu'on devrait être deux."
Un casse-tête pour les entreprises
Trouver le bon ingénieur est devenu un casse-tête pour les entreprises. Pour dénicher la perle rare, MPS est même allée à la rencontre des étudiants de la Haute école spécialisée de Bienne, des jeunes qui ont commencé leur formation par un apprentissage.
Pour Marilena Di Renzo, directrice des ressources humaines chez MPS, ce parcours n'est pas un obstacle, au contraire: "Ils viennent chez nous avec déjà un bagage, une connaissance pratique des processus de production. Cela leur permet d'être beaucoup plus innovatifs et de répondre aux besoins de nos clients."
Gian-Marco Ernst, ingénieur en sécurité chez Güdel, relève également que comme ces employés ont déjà de la pratique, "il faut moins de temps pour les former et ils s'intègrent plus vite au sein des équipes".
Toutes et tous trouvent un travail
Ces futurs diplômés sont donc courtisés comme jamais. Ainsi, 75 entreprises ont fait le déplacement de la Haute école spécialisée de Bienne pour trouver la perle rare, voire les perles rares. Une de ces firmes a par exemple une septantaine de postes actuellement ouverts.
Ces profils sont très demandés sur le marché du travail et 100% d'entre eux trouvent du travail, confirme Aymeric Niederhauser, responsable de la Faculté des techniques médicales à la HES de Bienne.
Informatique, ingénierie civile et analyse de données
Le constat est identique dans les écoles polytechniques et les universités, dont les étudiants ont parfois plus de mal à trouver du travail. Dans certaines filières, les offres d'emplois sont en très forte hausse.
Philippe Ory, responsable adjoint au centre de compétences transverses et de carrière à l'EPFL, relève plusieurs profils particulièrement demandés: il s'agit en premier lieu des ingénieurs en informatique, mais aussi des ingénieurs civils, qui ne sont pas assez nombreux pour les besoins de la construction en Suisse. Et enfin de toutes les personnes qui oeuvrent dans la data science, donc l'analyse de données, qui sont très demandées et par toutes sortes d'industries.
Toutes filières confondues, le manque d’ingénieurs est donc flagrant et ce sont des milliers de personnes avec ce type de profil qui manquent en Suisse à l'heure actuelle.
Nicolas Rossé/boi