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Ces musées qui peinent à restituer les oeuvres dans leurs pays d'origine

Certains musées envisagent de restituer les momies antiques qui se trouvent en leur possession
Certains musées envisagent de restituer les momies antiques qui se trouvent en leur possession
Les momies ont-elles encore leur place dans les musées de Suisse? De plus en plus d'institutions tentent aujourd'hui de renvoyer ces dépouilles millénaires en Egypte. Mais ces démarches ne sont pas toujours couronnées de succès.

A Yverdon, tout le monde connaît la momie Nes-Shou. Elle est exposée depuis plus de 120 ans dans le Château de la ville.

"C'est un personnage quasiment familier des Yverdonnois, car le musée a une vocation pédagogique. Quasiment toutes les générations d'enfants depuis 1896 ont vu cette momie. Et les gens veulent vraiment la voir, la demande est forte", assure Vincent Fontana, directeur du Musée d'Yverdon et région.

Acquise dans un contexte colonial

Mais une momie égyptienne exposée en terre vaudoise fait débat aujourd'hui, alors que les demandes de restitutions des objets se multiplient depuis plusieurs années.

Il y a quelques mois, le musée a décidé de mettre en avant la question des provenances des collections. Et dans ce cas, la momie vient d'un contexte de spoliation durant la période coloniale. C'est pourquoi le musée entreprend des démarche, dans le but d'explorer l'idée d'un retour de Nes-Shou vers sa terre natale.

"Nous avons consulté un spécialiste des restitutions, qui nous a dit que l'Egypte ne demandait que les personnages d'Etat, les prélats, les pharaons, essentiellement."

Un meilleur ambassadeur à Yverdon

Nes-Shou, aussi important soit-il pour Yverdon, n'est "qu'un" prêtre. Et des petites momies de ce type, il y en aurait beaucoup, partout.

"Le gouvernement égyptien estime que ce sont de meilleurs ambassadeurs du tourisme pour l'Egypte dans les musées régionaux, que de les ramener en Egypte, sans savoir très bien comment les mettre en valeur à côté des grands pharaons, qui sont beaucoup plus demandés par les touristes", explique Vincent Fontana.

En clair, la momie Nes-Shou bénéficierait plus à l'Egypte en restant à Yverdon.

Une plateforme pour aider à restituer

Des musées, mais aussi des particulier ou des Etats qui proposent eux-mêmes de restituer des objets, il y en a de plus en plus. Pour les aider, Marc-André Renold, directeur du Centre de droit de l'art à l'UNIGE, a mis en place un outil:

"Il s'agit d'une plateforme pour la diplomatie du patrimoine culturel. L'idée est de permettre aux individus, aux Etats, aux musées, ou à toute personne qui se trouverait en possession d'un objet qu'il n'a plus envie de conserver, car il estime qu'il a été acquis d'une manière illégitime, de pouvoir éventuellement le restituer par l'intermédiaire de cette plateforme."

"Réparer une ancienne injustice"

A Saint-Gall, le directeur de la bibliothèque de l'Abbaye, Cornel Dora, rejette l'idée de restituer la momie Schep-en-Ese, exposée dans l'abbatiale depuis plus de 200 ans.

Mais certains insistent pour "réparer une ancienne injustice". L'enfant de la région Milo Rau, metteur en scène et auteur, en a fait son cheval de bataille. Fin 2022, il a organisé une manifestation, en compagnie d'autres personnalités alémaniques.

>> Relire : Faut-il restituer la momie de l'abbatiale de St-Gall à l'Egypte?

"Pourquoi ne pas construire un pont entre l'Egypte et l'Abbaye? Et aussi nous demander comment traiter les biens volés?", s'était-il exprimé à la télévision alémanique.

Une polémique qui étonne jusqu'au Caire. Car la momie n'a jamais été réclamée. Selon une égyptologue contactée par la télévision alémanique, les autorités égyptiennes disent préférer que la momie reste à Saint-Gall, où elle fait davantage pour la renommée de l'Egypte ancienne qu'en revenant sur ses terres.

Delphine Gianora et Feriel Mestiri

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