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Credit Suisse est désormais entièrement la propriété d'UBS

Credit Suisse appartient désormais à UBS qui en a finalisé la reprise juridique. Le processus d'intégration ne fait que commencer
Credit Suisse appartient désormais à UBS qui en a finalisé la reprise juridique. Le processus d'intégration ne fait que commencer / 19h30 / 1 min. / le 12 juin 2023
UBS a formellement finalisé lundi l'acquisition de Credit Suisse, ordonnée dans le cadre du plan de sauvetage de la banque aux deux voiles décrété par la Confédération. L'action Credit Suisse disparaîtra des marchés boursiers le 14 juin.

"Nous avons finalisé la reprise juridique de Credit Suisse" a indiqué UBS dans une lettre ouverte parue lundi dans le quotidien NZZ, évoquant "le début d'un nouveau chapitre historique".

Comme précédemment indiqué, le nouveau groupe bancaire veut concentrer ses forces sur la gestion de fortune, les clients privés, les entrepreneurs et les sociétés. La banque aux trois clés a précisé que "l'objectif est d'assurer la stabilité", dans la missive signée par le directeur général Sergio Ermotti et le président Colm Kelleher. Les services bancaires de Credit Suisse continueront d'être assurés "comme d'habitude et sans interruption".

La reprise de Credit Suisse entraîne la création d'un géant bancaire doté d'un bilan de 1600 milliards de dollars.

>> Revivre la journée du 19 mars et l'annonce du rachat de Credit Suisse : UBS rachète Credit Suisse pour 3 milliards de francs. Objectif: "rétablir la confiance"

Le gendarme des marchés financiers Finma a averti lundi qu'il "continuera à surveiller de très près la grande banque fusionnée pendant le processus d'intégration". "Une des premières priorités de la grande banque fusionnée consiste à réduire rapidement les risques de la banque d'investissement de l'ex-Credit Suisse", a ajouté l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers.

Les exigences dites "too big to fail" (trop importante pour faire faillite) en matière de fonds propres s'appliqueront pleinement à UBS. Concernant les liquidités, la Finma définira cette année des exigences supplémentaires spécifiques à l'établissement pour la grande banque fusionnée. Elles devront être appliqués dès le 1er janvier 2024.

>> Le sujet du 19h30 sur la transformation du paysage bancaire suisse :

Au nombre de quatre il y a encore 30 ans, les grandes banques de Suisse se sont écroulées pour ne plus en compter qu’une seule: UBS
Au nombre de quatre il y a encore 30 ans, les grandes banques de Suisse se sont écroulées pour ne plus en compter qu’une seule: UBS / 19h30 / 1 min. / le 12 juin 2023

Sortie de la Bourse

L'action de l'ex-numéro deux bancaire, issu de la Schweizerische Kreditanstalt née en 1856, vit lundi sa dernière séance effective de négoce à la Bourse suisse, a annoncé l'exploitant de la place zurichoise SIX dans une note aux marchés. La dernière journée de négoce "technique" aura lieu mardi et la décotation effective de la nominative Credit Suisse sera réalisée mercredi, a précisé SIX. Les actionnaires du numéro deux bancaire helvétique recevront un titre UBS pour 22,48 actions détenues.

Le titre Credit Suisse va ainsi disparaître du SMI, l'indice boursier du marché suisse. L'action du logisticien schwytzois Kühne+Nagel remplacera celle de l'établissement zurichois au sein de l'indice SMI des 20 valeurs phares du marché helvétique dès le 13 juin.

L'action au porteur Credit Suisse a intégré l'indice SMI dès sa création en 1988, huit ans avant la naissance de la Bourse suisse consécutive à la fusion des Bourses de Zurich, Genève et Bâle.

>> Ecouter les explications de Luc Thévenoz, directeur du Centre de droit bancaire et financier de l'Université de Genève, sur le SMI dans La Matinale de lundi :

Luc Thévenoz, professeur de droit à l'Université de Genève. [DR]DR
Disparition de l'action de Credit Suisse de l'indice boursier du marché suisse / La Matinale / 56 sec. / le 12 juin 2023

Vendredi vers 09h05, le titre Credit Suisse se négociait à 81 centimes - soit une capitalisation boursière de tout juste 3,2 milliards de francs -, bien loin du sommet historique atteint en mai 2007 à 96,50 francs. Depuis cette date, le titre de l'établissement a rapidement dégringolé, clôturant à 21,56 francs le 21 janvier 2009, quand bien même Credit Suisse à moins souffert des conséquences de la crise des subprimes que son repreneur, avant toutefois de se reprendre pour pointer juste au-dessus des 60 francs en octobre de la même année.

La nominative Credit Suisse inscrit de nouveaux plus bas historiques en août 2012 au-dessous des 16 francs, puis en juillet 2016 à moins de 10 francs, avant d'enfoncer le seuil des 5 francs en septembre dernier.

Affaires à répétition

Le plongeon du titre reflète la détérioration de la situation de Credit Suisse et des scandales à répétition qui ont secoué la banque aux deux voiles, le rythme des revers s'étant accéléré après le départ de son ex-patron Tidjane Thiam en février 2020, emporté par l'affaire des filatures. Succédant au Franco-Ivoirien, Thomas Gottstein doit affronter les débâcles des fonds liés à Greensill et de la société d'investissement Archegos, auxquelles viennent s'ajouter plusieurs dossiers juridiques.

Le coup de grâce pour la deuxième banque helvétique viendra de la faillite de l'établissement américain Silicon Valley Bank. Le 19 mars, à la demande des autorités helvétiques, UBS avait alors accepté de reprendre son ancien rival pour 3 milliards de francs, après avoir obtenu d'importantes garanties financières de la part de la Confédération et de la Banque nationale suisse.

>> Le rappel historique du 19h30 :

Rachat de Credit Suisse: Une page de l’histoire de la place financière helvétique se tourne, entre grandeur et décadence
Rachat de Credit Suisse: Une page de l’histoire de la place financière helvétique se tourne, entre grandeur et décadence / 19h30 / 4 min. / le 19 mars 2023

>> Lire aussi : Credit Suisse, une banque née de l'industrialisation à l'histoire mouvementée

Quant à l'action UBS, elle n'en revient pas moins de loin, le numéro un bancaire helvétique devant son salut en 2008 à sa recapitalisation par la Confédération et la reprise par la Banque nationale suisse (BNS) des actifs toxiques hérités de la crise des subprimes. D'un plus haut de 74,70 francs atteint en juin 2007, la nominative de la banque aux trois clefs a plongé au-dessous de 9 francs en février 2009. Si celle-ci s'est reprise depuis, valant actuellement près de 18,20 francs, elle reste bien loin du niveau affiché il y a 15 ans.

Autre conséquence du rachat de Credit Suisse par UBS, la future mégabanque a repoussé de plus d'un mois la publication de ses résultats trimestriels, au 31 août. Dans un document destiné au gendarme américain de la Bourse, UBS a révélé s'attendre à un gain comptable exceptionnel de près de 35 milliards de dollars (32,7 milliards d'euros) en raison de l'écart entre le prix d'achat et l'actif net comptabilisé.

>> Ecouter les explications de Luc Thévenoz sur le report de la publication des résultats :

UBS finalise le rachat de Credit Suisse le 12 juin 2023 (image d'illustration). [Keystone - Alessandro della Valle]Keystone - Alessandro della Valle
Finalisation du rachat de Credit Suisse par UBS / La Matinale / 52 sec. / le 12 juin 2023

juma avec agences

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Départ de 10% du personnel de Credit Suisse

Sergio Ermotti, qui est revenu en avril en tant que directeur général d'UBS, a indiqué qu'environ 10% du personnel de Credit Suisse avait déjà quitté le groupe avant le rachat.

"Il est vrai qu'environ 10% du personnel a déjà quitté l'entreprise au cours des derniers mois avant la reprise", a-t-il déclaré lors d'une interview accordée à la chaîne de télévision publique SRF.

Les deux banques emploient conjointement 120'000 personnes dans le monde, mais UBS a déjà annoncé son intention de supprimer des emplois afin de réduire les coûts et de tirer parti des synergies.