Les prix du kilowattheure peuvent varier du simple au double lorsqu'on charge sa voiture sur l'A1
Les fourchettes de prix sur les différentes bornes vont de 45 centimes le kilowattheure (kWh) pour les moins chères, à 89 centimes pour les plus chères. Ce relevé a été effectué grâce aux informations du site EV Romandie, qui répertorie les bornes de recharges publiques du pays.
La comparaison s'est basée sur l'hypothèse d'une voiture dont la vitesse de charge est de 100 kilowatts, qui serait branchée à une station rapide (utile surtout pour de longs trajets). Seconde hypothèse: le conducteur ne dispose pas d'un abonnement à la station et ne se serait pas préparé. Un choix de méthode rendu nécessaire par les différences entre systèmes tarifaires. De plus, le pointage ne concerne que les stations proches de l'autoroute A1, qui traverse la Suisse du canton de Genève à celui de Saint-Gall.
Les enseignes Migrol et Gofast affichent les fourchettes dont le prix minimum est le meilleur marché, avec 45 centimes le kilowattheure. A l'autre bout du tableau, on retrouve Move, Evpass et Shell Recharge, avec 89 centimes pour le haut de la fourchette.
L'extension du réseau a un coût
Comment ces dernières enseignes expliquent-elles des prix parfois deux fois plus chers que sur d’autres bornes de recharge rapide? Move précise que les prix reflètent les coûts réels, mais que les exploitants et propriétaires des stations de recharge ont aussi dorénavant la possibilité de fixer librement le prix. La société souligne que son système est entièrement élaboré en Suisse, ce qui a un coût.
Shell et Evpass indiquent que les tarifs peuvent être justifiés par la forte expansion actuelle du réseau de recharge. On comprend par-là que les importantes dépenses pour les nouvelles installations semblent se répercuter sur les tarifs des recharges. Par ailleurs, la puissance maximale de la borne - qui permet de recharger plus rapidement - peut expliquer des tarifs supérieurs.
Des variations en fonction de nombreux facteurs
Le créateur de la plateforme EV Romandie Clark Winkelmann, qui est également membre de l’Association romande des utilisateurs de véhicules électriques (ARUVE), a fourni quelques précisions au micro d'On en parle. La tarification répond à de nombreux critères et chaque opérateur procède à sa manière.
Selon l'informaticien, outre le kilowattheure, les opérateurs facturent également le temps de connexion du véhicule au chargeur, pour lequel les tarifs varient également. "Certains vous facturent aussi le démarrage d'une recharge", ajoute-t-il.
Clark Winkelmann mentionne encore un prix qui dépend des caractéristiques du véhicule. Et les tarifs sont aussi sujets à des fluctuations dans le temps. "Les prix sont plus ou moins fixés à l'année, mais on peut quand même s'attendre à des changements", explique le spécialiste. "En Suisse, on n'a pas encore de tarifs dynamiques. Mais cela va aussi venir dans le futur. A chaque heure de la journée, le prix va varier, de manière similaire à l'essence", note-t-il.
Privilégier la lenteur?
L'automobiliste qui souhaite diminuer sa facture d'électricité pourrait se reporter sur des installations plus lentes. A condition de ne pas être pressé: leur vitesse de charge est, grosso modo, divisée par dix par rapport aux stations rapides, selon l'expert des voitures électriques.
Le matériel lent étant généralement moins cher à installer, la logique voudrait que le prix soit moins élevé, déclare Clark Winkelmann. "Mais en pratique, chaque opérateur a sa propre stratégie de financement, ce qui fait qu'il y a des exceptions. Certains chargeurs rapides sont moins chers que ceux plus lents", nuance-t-il.
Autant de données qui complexifient les calculs de prix pour la recharge des voitures électriques. Des autos appelées à supplanter celles qui demandent de faire le plein à la pompe. L'Office fédéral de l'énergie s'attend à ce que l'électrique soit le mode de propulsion majoritaire des voitures de tourisme d'ici 2050 en Suisse.
>> Lire à ce sujet : La Suisse devra pouvoir recharger 2,8 millions de véhicules électriques d'ici 2035
Sujet radio: Bastien von Wyss et Jérôme Zimmermann
Sujet TV: François Jeannet
Adaptation web: Antoine Michel
Pas toujours possible de payer par carte
Autre paramètre à prendre en compte lors d'une recharge de voiture sur une borne publique: le moyen de paiement, qui lui aussi peut faire varier les prix.
"Différentes méthodes sont offertes", indique Clark Winkelmann. En général, vous pouvez toujours payer par carte de crédit. Mais il n'y a pas toujours de lecteur sur place. Parfois, ils vous font scanner un code QR et terminer la transaction sur une page web. Il y a aussi beaucoup d'options avec des applications à télécharger. Il faut parfois créer un compte. Et parfois le prix, même sans abonnement, varie entre l'application et le code QR. Ce qui rend les calculs encore plus compliqués", détaille l'informaticien.
A Bon Entendeur a testé le trajet entre Genève et Delémont
La comédienne Sibylle Blanc s'est prêtée au jeu de la gestion d’une batterie sur le trajet entre Genève et Delémont dans l'émission A Bon Entendeur. Au départ, l'automobiliste choisit une station lente dans un parking. Pour charger de quoi rouler 100 kilomètres, elle devrait patienter cinq heures. Elle décide donc d'aller ailleurs.
Alors que sa batterie se vide dangereusement, elle prend la direction de Nyon. Des signaux d'alerte s'affichent sur son tableau de bord. Elle trouve finalement une station de recharge rapide à proximité de la sortie d'autoroute de la ville vaudoise. Plus de 100 kilomètres seront ajoutés à sa réserve en un quart d'heure. Non sans quelques difficultés pour connecter son téléphone portable à la borne.
Recharger en vaquant à ses occupations
"Les bornes rapides sont comparables aux stations-services", note Clark Winkelmann. "Ce sont des chargeurs que vous allez utiliser si vous êtes en déplacement pendant une journée ou que vous partez en vacances. Vous allez faire un court arrêt, entre une demi-heure et une heure. Pour les derniers véhicules qui sortent, on parle de 15 minutes pour recharger sa voiture."
Arrivée à destination, Sibylle Blanc tire les enseignements de sa première expérience au volant d'une auto électrique: "Pour allier l'utile à l'agréable, voici ce que je ferais: je trouverais un endroit pour charger ma voiture. Pendant ce temps, j'irais manger ou je continuerais ma vie. Et quand je récupère la voiture, elle est chargée à bloc", déclare-t-elle.
Lors de son périple, la conductrice aura parcouru 250 kilomètres, consommé 45 kWh et passé 45 minutes à recharger sa batterie à quatre stations pour un coût total estimé à quelque 28 francs. Sur une borne domestique, ce même trajet aurait coûté entre 10 et 15 francs. Et à la pompe, il aurait fallu compter 37 francs.